Go to the main content

Un choix de société

29.05.2009

Aujourd’hui nous savons que l’humanité consomme bien plus que les revenus de la nature et entame sérieusement son capital. Les prélèvements effectués par les hommes dépassent en effet de plus de 20% les possibilités de renouvellement de la nature. Il faut non seulement réduire ces prélèvements mais assurer le « remboursement » de cette dette par la reconstitution et la protection des biens publics mondiaux – dépollution marine et terrestre, traitement non polluant des déchets, réduction du taux de CO2 atmosphérique, restitution de la biodiversité, lutte contre les gaspillages et les profits indus, réduction drastique de la consommation d’énergie fossile…- et soulager les grands systèmes régulateurs de la planète (cycle de l’eau, photosynthèse, chaînes alimentaires, cycle du carbone, formation des sols, circulation océanique, circulation atmosphérique, stabilité thermique…) avant qu’ils ne soient en situation de collapsus responsable de déséquilibres irréversibles pouvant aller jusqu’à la condamnation de la vie elle-même. L’espèce humaine résistera sans doute longtemps à un emballement des systèmes régulateurs mais il est douteux qu’elle puisse en prendre le contrôle à temps. L’homme ne pourra pas non plus, malgré son génie inventif, fabriquer à partir de rien ce qu’il ne trouvera plus dans la nature.

L’accélération des dégradations des ressources naturelles, s’il ne lui est pas mis un terme, sera la source d’injustices sociales de plus en plus nombreuses, les richesses des uns leur permettant de s’approprier des « droits » et de confisquer aux plus pauvres toutes possibilité de survie. L’idée que cette situation fasse l’objet d’un plan délibéré ne peut pas être écartée. Dans cette hypothèse, l’humanité serait à la veille d’une véritable situation de génocide. A défaut de pouvoir augmenter les ressources naturelles de la planète, pourquoi ne pas envisager de réduire le nombre de ses occupants et de conserver aux survivants le mode de vie actuel des plus riches et des plus gourmands ? Perspective terrifiante que quelques exemples concernant notamment la géopolitique de l’eau accréditent malheureusement.

Quelle doit être l’organisation sociale qui sera en mesure de conjurer ces risques ?
Tous les modèles de sociétés expérimentés par l’homme depuis deux siècles ont en commun une ignorance coupable de la ressource naturelle, sinon comme un paramètre économique ou géostratégique. Il s’agit d’un véritable déni -ne pas voir ce qui dérange- de la part des sociétés productivistes, libérales ou socialistes. Pour elles, le monde des hommes est indépendant d’une nature protectrice aux capacités de renouveau infinies. Les dégâts qui lui sont infligés sont considérés comme des dommages collatéraux qui ne comptent pas. C’est une vision utilitariste qu’illustrent bien les indicateurs classiques de la création de richesse, lesquels ne tiennent aucun compte de l’affaiblissement des ressources.

Capitalisme contre communisme, luttes des classe, guerre froide, triomphe du libéralisme, puis du néolibéralisme, pouvoir de l’argent contre force de travail, dictature du profit contre dictature du prolétariat… L’opposition du capital et du travail est le paradigme de la société humaine depuis le début de l’aire industrielle. Mais, pour que vive l’humanité il ne lui faut pas seulement du capital et du travail il lui faut aussi des

ressources naturelles et il n’existe aucune théorie politique qui tienne compte de cette nécessité, qui se soucie de provisionner les « emprunts » fait à la nature, qui propose de faire de chaque être humain un acteur efficace de l’épargne, de la restitution et de la reconstitution des biens publics mondiaux.

Aujourd’hui, le choix de société n’est pas entre le néolibéralisme marchand et le socialisme « réaliste » qui ne propose que des adaptations sociales permettant de supporter les effets pervers de la logique du marché.
Nous devons choisir, de toute urgence, entre :
D’une part, une société mondialisée qui autorise de façon irresponsable toutes les formes de prédations de la nature au profit des toujours plus riches, une société avide de richesse-argent, dans un environnement exploité à outrance, pour une surconsommation suicidaire au profit de quelques privilégiés en quête de pouvoir absolu.

D’autre part, une société consciente de la nécessité de protéger et de reconstituer les ressources naturelles au profit de tous, une société qui prendrait en compte l’ensemble de l’humanité, dans un environnement adapté, respecté dans son équilibre, une véritable société humaniste.
La sauvegarde de l’humanité implique un changement de paradigme, une rupture
radicale dans les pratiques de gestion des ressources naturelles afin de les protéger et de les mutualiser au profit de tous, au Sud comme au Nord.

En ce sens l’engagement de France Libertés est bien un engagement politique, même s’il ne s’inscrit pas dans les clivages traditionnels.
La Fondation reste en effet à l’écart des débats, utiles mais subalternes, qui opposent en France la gauche et la droite. Il faut dire cependant qu’elle se reconnaît dans les valeurs historiques de la gauche antilibérale portant sur la justice sociale, la solidarité, la portée universelle des droits de l’homme et la domination du capital. Elle considère que son combat ne peut se faire sans les forces progressistes éparses dans le monde dés lors qu’elles admettent que le progrès n’est pas synonyme de croissance et que seul le partage garanti le développement durable. Ces forces représentent le seul espoir de l’humanité. Au-delà de son engagement pour une gestion publique mondiale et responsable de l’eau, l’ambition de la Fondation France-Libertés est de contribuer à réunir ces forces et de démontrer par l’exemple qu’un autre monde est possible.