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Crise économique européenne: réveillons-nous avant qu’il ne soit trop tard!

03.08.2012


Danielle Mitterrand aimait se rappeler de l’après-guerre et du moment où les pays d’Europe ont construit les fondements de l’Europe des Peuples. Ce moment particulier où devant l’atroce spectacle de la guerre qui se termine, l’humanité prend conscience qu’il est indispensable de reconstruire un monde plus humaniste.

Pourtant, nos sociétés développent tellement l’individualisme comme moteur de la société qu’il semble aujourd’hui impossible de pérenniser cette ambition plurielle de paix pour tous. Alors, Danielle Mitterrand aimait me raconter inlassablement cette petite histoire que vous connaissez certainement:

« Quand ils sont venus chercher les Tsiganes, je n’ai rien dit, je ne suis pas Tsigane. Quand ils sont venus chercher les Handicapés, je n’ai rien dit, je ne suis pas handicapé. Quand ils sont venus chercher les Communistes, je n’ai rien dit, je ne suis pas Communiste. Quand ils sont venus chercher les Juifs, je n’ai rien dit, je ne suis pas Juif. Quand ils sont venus chercher mes voisins, je n’ai rien dit. Quand ils sont venus me chercher… Je n’ai pas compris. »

Cette histoire lui parlait car elle avait vécu la résistance et était de ceux qui disaient: « plus jamais ça! » J’ai parfois l’impression que c’est que nous construisons en ce moment-même. Regardons la situation européenne:

« Quand ils sont venus étrangler la Grèce, je n’ai rien dit, je ne suis pas Grec Quand ils sont venus étrangler le Portugal, je n’ai rien dit, je ne suis pas Portugais Quand ils sont venus étrangler l’Irlande, je n’ai rien dit, je ne suis pas Irlandais Quand ils sont venus étrangler l’Espagne, je n’ai rien dit, je ne suis pas Espagnol Quand ils sont venus étrangler l’Italie, je n’ai rien dit, je ne suis pas Italien Quand ils sont venus étrangler la France… Je n’ai pas compris. »

La dégradation de nos économies est telle qu’il nous faut agir avant qu’il ne soit trop tard. Il ne nous faut pas réagir en protectionniste, il nous faut agir de façon solidaire et en imaginant le monde qui nous permettra demain de construire dans le respect de la planète une société plus responsable et plus équilibrée pour les générations futures.

Toutes les femmes et tous les hommes politiques nous expliquent un à un qu’il nous faut dépenser moins, que la dette publique nous étrangle, que seule la privatisation des activités économiques peut nous permettre de nous en sortir.

Je ne partage pas cette analyse.

Des économistes de plus en plus nombreux, dont Joseph Stieglitz, remettent en question le modèle capitaliste néolibéral qui, après avoir permis l’enrichissement du plus grand nombre dans les pays occidentaux, est en train d’appauvrir le plus grand nombre au profit d’une oligarchie mondiale sous emprise d’une nouvelle drogue: le nombre de zéro sur leur compte en banque. La cupidité entraîne le capitalisme vers l’abîme.

Faisant semblant de ne pas voir ce qui se passe. Chacun se dit: les grecs méritent ce qui leur arrive, les espagnols ne savent pas gérer, etc. Dans le même temps, la France se félicite de ses emprunts à taux négatifs alors que les économistes parlent de dysfonctionnement des marchés financiers.

Il est plus que temps de nous réveiller et de nous rendre compte qu’à force de nous laisser emporter au fil de l’eau, la chute se rapproche. Lorsque les courants seront trop forts, plus rien ne pourra nous sauver et nous assisterons atterrés à la fin de notre modèle de société. Les traders se réveilleront dans un monde réel qu’ils ne connaissent pas, et les politiques se demanderont pourquoi ils n’ont pas agit quand ils le pouvaient encore.

N’attendons pas que la crise nous rattrape, proposons aujourd’hui des solutions pour repenser notre modèle de société et faire que l’économie réelle redevienne le poumon de nos emplois, tandis que nous remettons à leur place les banques dans le métier ennuyeux que défini pour elles Jacques Attali.

Le collectif Roosevelt 2012 est là pour proposer des solutions parmi d’autres. C’est un exemple de ce qu’il est possible de faire maintenant.