1905: séparation de l’église et de l’Etat, 2013: séparation des banques et de l’Etat?
07.04.2013
Une tribune d’Emmanuel Poilâne, directeur de France Libertés, publiée aujourd’hui sur le site du Huffington Post
L'affaire Cahuzac semble vouloir emporter l'ensemble de l'espace politique dans des limbes que nous ne voulons imaginer. Après l'annonce ce matin de la possible implication du Trésorier de campagne de Francois Hollande dans un actionnariat aux îles caïmans, il est nécessaire de faire une mise au point.
Qui des politiques n'a pas un lien avec les paradis fiscaux ?
En effet, nombreux sont les Francais actionnaires de sociétés présentes dans les paradis fiscaux. Il suffit aujourd'hui d'être actionnaire de la BNP pour participer peu ou prou à 370 filiales dans les paradis fiscaux de la planète.
Plus que jamais les banksters sont à l'œuvre et ce en toute légalité. Vous en doutez ? Lisez la presse et vous serez convaincus, les articles ne manquent pas ! C'est donc la question de la légitimité qui doit être mise sur la table et non plus celle de la légalité.
Savez-vous combien de multinationales placent des milliards d'euros et de dollars sur des comptes dans les paradis fiscaux en toute légalité en profitant de la faiblesse du droit international sur le sujet ? La dernière estimation que j'avais lue était de 20 000 milliards d'euros placés et soustraits au fonctionnement normal de la fiscalité. 20 000 milliards ! Qui dit qu'il n'y a plus d'argent ?
Alors les Politiques doivent arrêter de se flageller sur leurs actions personnelles et devraient plutôt passer à l'action pour changer ce qui est en train de gangréner notre société toute entière.
En cas de gangrène, il faut couper le membre pourri !
Si Pierre Moscovici doit être accusé, ce n'est pas forcément sur l'affaire Cahuzac mais plutôt sur sa loi de séparation des banques qui n'a de séparation des banques que le nom. Arrêtons de nous mentir pour faire plaisir à quelques banquiers peu scrupuleux.
Depuis des mois, le collectif Roosevelt appelle à une vraie séparation des banques et à l'interdiction pure et simple de filiales dans les paradis fiscaux pour nos banques nationales. Plus de 40 000 citoyens ont déjà signé notre appel pour une vraie séparation des banques, rejoignez-les et changeons la donne maintenant !
Si la pression citoyenne augmente et si les médias décident de prendre ce sujet sous le bon angle alors il est même possible d'imaginer une loi de séparation du monde politique et du monde bancaire pour faire que nous arrêtions de tout penser uniquement par l'angle de la finance. C'est cette finance folle qui est en train de tuer purement et simplement notre économie réelle. Pour ceux qui doutent lisez cet article qui explique comment 2/3 des variations des prix des matières premières sont d'origine financière !
Il y aura toujours des experts pour nous dire que c'est impossible, nous dire que c'est plus compliqué qu'il n'y paraît, nous dire que nous ne sommes pas en capacité de comprendre cette complexité.
Une chose est certaine : notre république est en train de s'effondrer sur elle-même et nous risquons de perdre l'esprit de solidarité de notre société. Cet esprit de solidarité émane de deux guerres atroces, ne l'oublions pas. Ne nous laissons pas entraîner dans un sillon dangereux creusé par quelques banquiers et quelques oligarques qui s'empiffrent en pensant : "après moi le déluge".
Monsieur le Président, vous aviez raison, votre ennemi c'est la finance. C'est le nôtre aussi mais il n'est pas trop tard. En 1905, les politiques ont marqué l'Histoire. En 2013, Agissez maintenant et devenez le Roosevelt du troisième millénaire en tordant le bras à cette finance folle et en redonnant du sens au mot économie et au mot politique dans notre pays.
Retrouvez la tribune sur le site du Huffington Post