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Une première étape vers Rio+20

04.08.2011


Le compte à rebours vers Rio + 20  a commencé au début du mois dernier. Une bonne partie des acteurs de la société civile et du monde de la recherche s’est réunie à Dijon du 16 au 18 juin dernier pour la première université de printemps organisée par l’Institut International de Recherche Politique et Civilisation (IIRPC), présidé par Edgar Morin.

Cette rencontre est le premier rendez-vous d’un cycle de rencontres internationales dont les prochaines auront lieux à Niort/Poitiers, Brasilia, Lomé, Reykjavik et Rio. Chacun de ces rassemblements permettra de préparer des propositions concrètes issues de la société civile et du monde de la recherche en vue de porter un plaidoyer politique unitaire lors du sommet international. Il est temps pour nous de créer une autre voix.

France Libertés est depuis longtemps partenaire de l’IIRPC. Lors de chacune de ces rencontres nous organiserons et animerons un atelier sur le thème de l’eau, le but étant d’établir un ensemble de propositions concrètes pour Rio +20 sur les enjeux de l’eau pour les 20 ans à venir.

Ce cycle a pour objectif principal de réfléchir et de rédiger des propositions : « Autour des incertitudes d’une gouvernance mondiale ». France Libertés a choisi pour cette première phase, de dresser un bilan des avancées et des obstacles qui ont eu lieu ces vingt dernières années sur le droit à l’eau dans le monde. Nous avions donc invité Pedro Arrojo, professeur d’économie spécialiste de la gestion de l’eau et militant pour le droit à l’eau. Son intervention a commencé par un état des lieux.

Au niveau européen, il est important de noter que la loi cadre sur l’eau de 2006, a permis une énorme avancée en matière environnementale. Cette réglementation particulièrement exigeante en matière de qualité des eaux impose des conditions de relargage strictes. L’eau passe du statut de « ressource » à un statut particulier qui nécessite une protection pour elle, et pour l’éco-système qui l’entoure (animaux, plantes…). Mais le chemin est encore long et cette loi reste insuffisante. D’abord parce qu’elle ne présente aucune mesure sociale, ensuite parce qu’elle a choisi de définir l’eau comme une marchandise. Or, la gestion de l’eau ne peut pas s’inscrire dans une logique de marché, puisque sa fonction première est de permettre la vie. Pour garantir la vie, et l’accès à la vie, nous devons parler d’un droit à l’eau, et non d’un besoin à satisfaire. Il faut qu’il y ait une priorité politique absolue qui ne peut en aucun cas être liée à la logique de profits. L’eau est, et doit être définie comme, un Bien Commun.

Au niveau international, la grande victoire concernant l’eau ces dernières années repose sur la reconnaissance du droit à l’eau et à l’assainissement pour tous par l’Assemblée Générale des Nations Unies en juillet 2010, puis en septembre suivant par le Conseil des Droits de l’Homme. Une avancée majeure pour la politique des Biens Communs dès lors que ce sont les gouvernements qui sont tenus responsables de l’accès à l’eau de leur population. L’avancée est majeure, mais si nous disposons d’une base juridique pour que le droit à l’eau soit respecté, il est cependant urgent de renforcer ces outils et surtout, de les rendre réellement effectifs. Il n’y a pour l’instant aucune pénalité ou condamnation pour les états qui ne respectent pas ce droit.

A la suite de ce bilan en demi-teinte, un débat avec le public s’est engagé, plutôt centré sur le contexte français. Si tout le monde était d’accord sur la nécessité de revenir à une gestion de l’eau entièrement publique, la question de la tarification a plus largement été abordée avec la possibilité de pratiquer une tarification sociale, graduelle ou le grand consommateur paie chaque litre supplémentaire plus cher, permettant ainsi de financer gratuitement l’accès à la quantité d’eau vitale.

Pour clôturer l’atelier, un certain temps a été consacré à l’élaboration de propositions concrètes ayant fait consensus lors du débat. Ces propositions serviront de base pour les prochaines universités et seront également relayées lors du sommet international de Rio + 20 en juin 2012. Nous proposons donc :

1-    De mettre au centre des considérations de Rio +20 la récupération du bon état écologique des eaux et des bassins aquatiques, ainsi que la nécessité de considérer l’eau comme un patrimoine du Vivant.

2-    De plaider pour l’eau comme un droit humain vital. Pour cela, il est nécessaire de parler du droit à l’eau minimale pour chacun, où chaque personne doit disposer de 40 litres par jour de manière gratuite.

3-    De garantir l’effectivité des lois au niveau local, national ou international. Ce défi doit être accompagné d’une priorité absolue sur les budgets.

4-    De favoriser le droit à la transparence et à l’information pour tous concernant la gestion de l’eau.

Autant de propositions qui sont parfaitement en adéquation avec la campagne des Porteurs d’Eau.