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MAB

Trois ans après, les victimes du barrage de Samarco organisent une marche

06.11.2018

Le Mouvement des personnes Affectées par les Barrages (MAB) organise une marche contre le crime du Rio Doce du 4 au 14 novembre au Brésil. Voici leur communiqué.

Au Brésil, des milliers de personnes organisent une marche tout au long du fleuve Rio Doce entre Mariana et la ville de Vitoria, sur le littoral atlantique, suivant les 650 km que les coulées de boue ont parcouru avant de se déverser dans l’océan. Ces personnes affectées par le crime luttent pour leurs droits. Elles dénoncent l’immobilisme de fondation Renova, crée par l’entreprise criminelle Samarco pour la réparation des dommages.

Ce 5 novembre, cela fera trois ans que le désastre socio-environnemental le plus grave du Brésil a eu lieu : la rupture du barrage de déchets miniers dans la commune de Bento Rodrigues, propriété de l’entreprise minière Samarco contrôlée par les multinationales Vale et BHP Billiton.

Depuis lors, la lutte des familles sinistrées continue, sans aucune réponse réelle de la part de la justice et sans sanctions pour les entreprises criminelles. Aucune maison n’a été reconstruite, des milliers de personnes sinistrées ne sont pas reconnues et la population dénonce le fait que la Fondation Renova reporte les problèmes sans prévoir de véritables réparations dans la vie de ces familles.

Pour dénoncer ces trois années sans réponses et renforcer la lutte dans la région, les familles sinistrées par le crime de Samarco / Vale / BHP, organisée au sein du Mouvement des personnes Affectées par les Barrages (le MAB), organisent la Marche « Le Crime du Rio Doce: 3 ans d’injustice » du 4 au 14 novembre.

La marche démarre les 4 et 5 novembre avec une rencontre de femmes pour débattre des conséquences du crime dans la vie des femmes et des enfants dans le bassin du fleuve Rio Doce à Mariana, dans l’État du Minas Gerais. L’itinéraire de la marche suivra ensuite le trajet parcouru par les coulées de boue, jusqu’ à la ville de Vitória dans l’Etat du Espirito Santo.

« Les femmes ne sont pas reconnues par la Fondation Renova. Nous sommes 70% à n’avoir été prises en charge par aucun des programmes dans tout le bassin. C’est pourtant nous qui devons faire face aux problèmes de santé, à la disparition des terrains dont nous disposions avant, à la perte des liens communautaires et familiaux que le crime a causés, nous devons être reconnues et respectées », réaffirme la sinistrée Márcia, habitante de la commune de Colatina.

Avec le message « Du fleuve à la mer: nous ne nous tairons pas ! », La marche mènera des actions dans dix communes tout au long du parcours avec des rencontres sur le thème de la santé, des manifestations culturelles, des célébrations religieuses et des assemblées. « Nous organisons une marche d’envergure pour rassembler les sinistrés de l’ensemble du bassin du fleuve Rio Doce pour lutter ensemble, car ce n’est que par ce biais que nous pourrons être entendus par les entreprises criminelles », déclare Leticia, du Mouvement des personnes Affectées par les Barrages (MAB).

Comprendre la tragédie

Le 5 novembre 2015, le barrage de Fundão, appartenant à l’entreprise minière Samarco, contrôlée par les multinationales Vale et BHP Billiton, s’est rompu et a déversé 48,3 millions de mètres cubes de boue de déchêts miniers dans la nature. La boue a parcouru environ 650 km entre Mariana, dans le Minas Gerais et l’embouchure du Rio Doce, dans la commune de Linhares, dans l’Espírito Santo, avant de se propager dans plusieurs communautés situées au nord et au sud de l’embouchure.

La boue a affecté en conséquence le ruisseau Santarém, le fleuve Gualaxo do Norte, le fleuve Carmo et l’ensemble du Rio Doce traversant au total 43 municipalités. Il a détruit de nombreuses maisons, des biens personnels, mais aussi des modes de vie, des sources de revenus, des rêves et des projets de vie. La rupture du barrage a tué 19 personnes et provoqué une fausse-couche dans le district de Bento Rodrigues où était situé le barrage. Parmi les victimes, le corps de l’un d’entre eux est encore disparu, il s’agissait d’un employé de Samarco.