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Tribune de Gilbert Mitterrand et Federico Mayor :Sur les pas de Danielle Mitterrand

22.11.2012


« Libérés de la peur » par la conscience de ses droits et par la possibilité d’agir. Agir en faveur de l’égale dignité ; des priorités essentielles – nutrition, eau, santé, environnement, énergie, ressources naturelles, éducation, paix – bafouées par les « globalisateurs » du marché, l’exploitation et la délocalisation…

Toute une vie dévouée à la préservation et le partage des biens communs. Partage, mot clé de ta cosmovision d’un monde plus juste. L’autre monde possible de tes – nos – rêves. Pour assurer à tous les êtres humains sans distinction une vie digne il est indispensable la transition d’une culture d’imposition, violence et guerre à une culture de dialogue, conciliation, alliance et paix. De la force à la parole. Les injustices, les déchirements sociaux, les asymétries doivent et peuvent être surmontées par l’inclusion, par l’entraide, par la coopération.

Le passé a été déjà écrit. Il faut bien le décrire et en tirer des leçons. Mais l’avenir doit être écrit par tous. Toutes les mains, toutes les voix, tous les efforts ensemble pour créer – faculté distinctive de l’espèce humaine – un monde nouveau. Face aux spéculateurs, face au pouvoir de l’argent, face aux inégalités présentées comme inévitables, l’esprit de résistance, de révolte pacifique mais persistante comme moteur d’action.

Danielle, engagée sans pause pour jamais accepter l’inacceptable, ce bilan affreux de 4 milliards de dollars par jour en armes et dépenses militaires, au même temps que plus de 60.000 personnes meurent de faim, d’oubli, de pauvreté extrême. Résistance et action étaient ta norme, devenue la nôtre. Danielle Mitterrand, l’insoumise. Danielle, protestes et propositions pour être capables de transformer les impossibles aujourd’hui à des réalités demain.

Admirable notamment ta responsabilité intergénérationnelle : les « générations montantes » étaient présentes dans bon nombre de tes précieux « rapports moraux » à la Fondation, qui nous ont beaucoup inspirés et qu’il faut maintenant relire pour voir clair des horizons de futur. Danielle est devenue invisible mais l’immense œuvre qui nous a laissée, son exemple surtout, demeurent avec nous et illuminent les chemins de demain. Ton héritage, Danielle, nous renforce et guide pour la suite.

En « toutes libertés » ! « Ce livre est le reflet d’une volonté d’écrire et de raconter en toutes libertés, certes, mais aussi en toute conscience… » « Qui veut faire taire Danielle ? »… Elle ne devait pas se taire. Elle ne pouvait pas se taire. Elle a dit ce qu’elle pensait nécessaire de dire. Et elle a écrit le 6 janvier 1996 à la fin de son livre des libertés : « François ne meurt pas ». Nous écrivons aujourd’hui : « Danielle ne meurt pas »… À l’avant-garde toujours, avec courage et persévérance inouïs, insoumise pour promouvoir le « printemps » des insoumis. « Après la patience, avait écrit François Mitterrand, arrive le printemps. » Printemps de la justice, de la liberté – « à n’être jamais dissocié de l’égalité » ! – de la solidarité. Danielle a semé sans arrêt, à contrevent, éprise de son « devoir d’ingérence humanitaire. » « Qui sont les maîtres du monde ? », se demandait Danielle souvent parce qu’elle savait bien que c’était à eux que le croissant pouvoir citoyen devait faire face. Danielle : les semences que tu as plantées germent. Gilbert Mitterrand Federico Mayor