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Sur le terrain en Inde : pour le droit à l’eau des peuples autochtones

23.05.2014


En Inde, les peuples tribaux (autochtones) comptent 100 millions de personnes, soit environ 8 % de la population. Ils s’appellent eux-mêmes « Adivasi » ou « les premiers habitants ». La plupart vivent dans des forêts dont le bois est convoité par l’industrie forestière. Leurs terres sont aussi très riches en ressource en eau : 300 grands barrages indiens sur leurs territoires ont déjà provoqué le déplacement de 24 millions de personnes. En 2013, la Cour suprême indienne a donné raison aux adivasis Dongria Kondh dans le cas d’un projet de mine de bauxite porté par la compagnie Vedanta. Cependant, bon nombre de grands projets de « développement national » ont privé les populations adivasis de leur moyen de subsistance.

C’est dans ce contexte que France Libertés, dans le cadre de son dernier appel à propositions intitulé « Ce que les populations autochtones ont à dire sur leur droit à l’eau » a reçu une vingtaine de projets indiens et en a sélectionné trois.  

Dans l’est de l’Inde (dans les Etats d’Andhra Pradesh et d’Orisha), un nouveau partenaire, VJNNS, et un partenaire existant, Paribartan, œuvrent pour le renforcement des capacités des villageois adivasis, pour qu’ils puissent s’exprimer auprès des autorités quant à leur droit d’accès à l’eau. Les deux organisations travaillent dans des villages isolés, où les habitants vivent des produits issus de la forêt. Ici, l’accès à l’eau est très précaire et l’eau consommée est très souvent non potable. Les adivasis souffrent d’une forte discrimination, d’un taux élevé d’analphabétisme et d’un manque de connaissance de leurs droits. Ils sont donc très peu en capacité de discuter avec les autorités.

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Les deux organisations fournissent des réponses similaires à cette situation. VJNNS forme des comités villageois autour de plans de développement et prépare avec eux des demandes de financement auprès des autorités locales pour améliorer les infrastructures. Elle organise des activités de sensibilisation sur les bonnes pratiques concernant l’eau potable et l’assainissement.

Paribartan, s’appuyant sur un dernier projet également soutenu par France Libertés, forme des  villageoises « porteuses d’eau » à mobiliser leur communauté sur la question de l’eau. Elle organise aussi des rassemblements, fêtes et réunions publiques pour identifier les besoins prioritaires en eau, avant de diffuser l’information auprès des journalistes et décideurs locaux.

Le troisième projet soutenu par France Libertés se situe dans l’Etat de Gujerat dans l’Ouest de l’Inde. Notre partenaire DISHA soutient les populations autochtones de Gujarat pour les aider à revendiquer leur droit à l’eau. Malgré la richesse de cet Etat en ressources naturelles, les adivasis n’en perçoivent pas forcement les bénéfices. Plusieurs barrages ont été construits, pénalisant leur accès à l’eau. Au niveau de l’Etat, DISHA prépare une campagne sur l’impact des trois grands barrages (Narmada, Panam et Kadana), en menant une recherche sur la situation concernant l’accès à l’eau, ainsi que le niveau de dépenses publiques sur l’eau. Son partenaire sur le terrain rassemble les informations locales sur l’accès à l’eau et sensibilise les habitants de trente villages adivasis concernant leur droit à l’eau.

Tandis que ces travaux en local se poursuivent jusqu’à la fin de l’année, au niveau national, nous approchons actuellement de la fin de cinq semaines de période électorale. La question de l’accès à l’eau est devenue très visible récemment, notamment avec le nouveau parti, Aam Aadmi. Ce dernier a créé la surprise en gagnant les élections à Delhi en septembre 2013. Il a mis l’accent sur la corruption dans la fourniture des services essentiels, a promis la gratuité de l’eau et a rivalisé avec les deux grands partis traditionnels dans les sondages. Au-delà des discours, espérons que la classe politique indienne rende effectives les aspirations des populations adivasis en termes de droit d’accès à l’eau.