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Se mobiliser pour que cessent les assassinats de défenseurs des droits humains

06.01.2016

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Fin décembre 2015, le Centre Hondurien de Promotion pour le développement communautaire, CEHPRODEC, structure avec laquelle nous avons travaillé lors de la session de mars 2015 du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies, nous a informés de l’assassinat de Javier Vásquez Benítez dans la communauté de Gualinga, municipalité de Santa Elena, Département de La Paz. Ce jeune homme était le fils de Gilberto Vásquez, le  président du Conseil autochtone de la communauté Gualinga, qui était particulièrement actif dans la défense des droits des populations autochtones, cherchant à se réapproprier les terres ancestrales de son peuple ou encore s’opposant au projet de barrage de Los Encinos construit sans aucune consultation. Cet assassinat fait suite à plusieurs autres cette même année au Honduras(2) ; toutes les victimes étaient autochtones et actives dans la défense de leurs droits et territoires. Global Witness classait d’ailleurs le Honduras comme un des pays les plus dangereux au monde pour les défenseurs de la terre et des droits humains avec le Brésil et la Colombie.

Dans le cadre de la 28ème session du Conseil des Droits de l’Homme en mars 2015, Donald Hernandez Palma, avocat et coordinateur des droits humains pour le CEHPRODEC, avait  notamment parlé du cas de la Valle de Siria où les populations locales souffrent de nombreuses maladies dues à la contamination de l’eau par l’exploitation minière et où les conflits s’accumulent autour de l’opposition aux projets extractivistes.

La Fondation Danielle Mitterrand soutient régulièrement les victimes de menaces voire d’assassinats des leaders autochtones dans le cadre de conflits sociaux-environnementaux. Que ce soit au Pérou avec Conga(3), en Equateur avec le cas Chevron(4), au Mexique(5) ou encore au Brésil au sein du peuple autochtone des Guarani-Kaiowas(6)  par exemple, de nombreux activistes sont en danger car ils viennent remettre en cause les projets extractivistes en mettant en évidence les atteintes aux écosystèmes et les violations des droits qui en découlent, dérangeant par là même le bon déroulement de ces projets.

C’est pourquoi la Fondation Danielle Mitterrand est engagée à dénoncer les menaces dont sont victimes celles et ceux qui défendent le respect des droits humains fondamentaux mis à mal par les activités extractives et à condamner les assassinats qui en découlent parfois. Nous appelons les Nations Unies, et en particulier le Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme, à enquêter sur les nombreux cas partout dans le monde de ces atteintes à la liberté d’expression et au droit à la sécurité. Il est urgent que la criminalisation des mouvements sociaux-environnementaux et l’impunité des crimes commis cessent.

(3) À Cajamarca, dans les Andes Nord du Pérou, la lutte contre le projet minier « Conga », de l’entreprise Yanacocha de la multinationale Newmont -Buenaventura, est emblématique par son ampleur, ses formes et ses répercussions (environnementales et politiques) au niveau national comme international. La forte répression des mobilisations sociales contre ce projet a entraîné la mort de plusieurs opposants ainsi que de nombreux blessés et plus généralement la criminalisation de la protestation et la militarisation de la zone.
(5) Voir notre déclaration écrite envoyée au Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies en juin 2015 A/HRC/29/NGO/17.
(6) Ces représentants du peuple Guarani-Kaiowa, qui font face à la destruction de leurs villages, de leurs cultures et de leurs biens, tentent pour certains de résister à ce qu’ils considèrent être un véritable génocide organisé par l’Etat. Ils sont alors menacés, détenus arbitrairement ou simplement assassinés. Depuis 2003, 299 chefs autochtones ont été assassinés dans l’Etat du Mato Grosso do Sul au sud du Brésil là où vivent les Guarani-Kaiowa.