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Retour sur une mobilisation historique

24.06.2011

Un an à peine après la signature par Jean-Louis Borloo, en plein Grenelle de l’environnement, des permis d’exploration des gaz et huiles de schiste octroyés sans aucune consultation, une forte mobilisation citoyenne a réussi à imposer cette question dans le débat public, alertant sur les forts risques environnementaux et sociaux posés par ces activités et demandant l'abrogation de tous les permis.

Plusieurs propositions de lois, réunies ensuite en un texte unique, ont ainsi été déposées pour réglementer ou interdire ces catastrophes annoncées (entre autres, contamination de l'eau, de l'air et des sols, consommation excessive d'eau et d'énergie). C’est finalement le texte de la majorité gouvernemental qui devait être examiné par les députés puis par les sénateurs.

La question de l'exploration et de l'exploitation des gaz et huiles de schiste ne se résume pas à une question de technique d'extraction. La crise climatique ne nous permet tout simplement pas d'aller extraire ces ressources. Rappelons en effet que les émissions de gaz à effet de serre provenant de la production des hydrocarbures non conventionnels sont nettement supérieures à celles des ressources fossiles traditionnelles.

En mettant en scène un crieur public et un cracheur de feu nous avons voulu rappeler que les effets de ces exploitations aux Etats-unis sont dramatiques. Le film Gazland revient ainsi sur l’eau qui s’embrase au robinet, des problèmes de santé pour les hommes comme pour les animaux et des contaminations du milieu par le liquide de fracturation.

Nous voulions aussi montrer que la mobilisation avait réussi à ouvrir un débat que le gouvernement avait refusé, en signant les permis sans la moindre consultation. Cette mobilisation était d’autant plus nécessaire que le rapport provisoire de mission d’étude du CGIET et du CGEDD remis à Madame la Ministre Nathalie Kosciusko Morizet constitue en effet un véritable plaidoyer pour les gaz et huiles de schiste, en affirmant notamment que la France doit continuer l’exploration, sous forme de « puits expérimentaux », afin de pouvoir envisager l’exploitation d’ici « deux ou trois ans », et ce malgré la proposition de loi actuelle.

Ce document provisoire estime qu’il faudra « clarifier les obligations des opérateurs gaziers et pétroliers sur les incidences de leurs travaux sur les ressources en eau » sans exprimer aucune modalité, ni même aucune possible contrainte. Un aveu clair que toute exploration et exploitation de ces gaz et huiles de schiste auront immanquablement un impact sur l’environnement sans que, pour autant, aucun engagement à créer des obligations et des sanctions face à cette exploitation ne semblent envisagés.
 
Cette manifestation a rassemblé plusieurs centaines de personnes, des collectifs sont venus de toute la France, des élus, des représentants des partis, des candidats à la présidentielle étaient présents tout au long de cette matinée pour soutenir la mobilisation citoyenne et affirmer leur opposition à ce projet.

Mais les politiques ne s'intéressent pas durablement à cette question, le vote annulé de la loi au sénat, puis les amendements qui autorisent les exploitations avec toutes leurs dérives appellent à continuer la mobilisation. France LIbertés continuera, parce que au délà des risques pour l'eau que nous ne pouvions que dénoncer, c'est un choix de société qui se pose à nous aujourd'hui.