Go to the main content

Rapport intermédiaire sur les Gaz de Schiste : la mobilisation ne doit pas s’arrêter.

27.04.2011

On pensait que l’affaire des gaz de schiste était en passe de se résoudre sur un consensus politique de non-exploitation. Or sans surprise le rapport provisoire de la mission gouvernementale mandatée par la ministre de l’Ecologie recommande l’exploration des huiles et gaz de schiste sur le territoire français. Il était difficile d’en attendre moins de la part du même organisme qui avait demandé à Jean-Louis Borloo de signer les contrats d’exploration.

Les conclusions de ce rapport d’étape, réalisé conjointement par le Conseil Général de l'Industrie, de l'Energie et des Technologies (CGIET) et le Conseil Général de l'Environnement et du Développement Durable (CGEDD) sont claires : l’exploration des sous-sols français pour vérifier la rentabilité des huiles et gaz de schiste est soi-disant nécessaire pour plusieurs raisons :

  • il serait impossible de savoir si cette ressource est économiquement exploitable s‘il n’y a pas de mission d’exploration. Le sous-sol français est potentiellement une mine d’or, il faudrait donc aller jusqu’au bout du processus pour le vérifier,
  • l’exploration et la possible exploitation des huiles et gaz de schiste représentent une forte source d’emploi et de croissance pour le pays.

Deux arguments contradictoires dans leur énoncé même : le rapport dit ne pas savoir si cette ressource est économiquement exploitable mais il affirme déjà que c’est une source d’emploi et de croissance. Un paradoxe bien difficile à comprendre.

De plus, face aux inquiétudes et préoccupations des citoyens, des élus et des associations concernant la pollution de l’eau, de l’air et des nappes phréatiques, les experts relativisent largement les effets néfastes de la technique de fracturation. Pour eux, il est impossible de prouver la nécessité d’utiliser jusqu'à 6 piscines olympiques d’eau puisque aucune fracturation hydraulique horizontale n’a encore eu lieu en France. C’est oublier un peu vite que les permis d’exploration ont été attribués à des firmes américaines qui pratiquent cette technique depuis quelques années déjà et qui ne vont certainement pas réinventer une façon de faire spécifique juste pour les Français.

De même, ces experts sont convaincus que les produits chimiques introduits dans l’eau ne sont pas mauvais pour la santé ni pour l’environnement puisqu’ils sont introduits à plus de 2 000 mètres sous terre et à très petites doses seulement. Pourtant, aucune étude ne vient étayer ce propos, une belle déclaration faite pour rassurer mais l’exemple américain montre encore le contraire comme le montre l’accident dans le compté de Bradford en Pennsylvanie il y a quelques jours où une fracturation hydraulique a eu pour conséquence de laisser s’échapper des milliers de litres d’eau pollués obligeant l’évacuation des habitants voisins.

Si la mission se positionne plutôt contre une fracturation hydraulique horizontale telle que celles réalisées aux Etats-Unis, elle souhaite que l’exploration des huiles et gaz de schiste se fasse grâce à une technique de fracturation « propre » où l’on utiliserait moins de produits chimiques : « la mission est convaincue qu'il est possible d'imposer une liste positive de produits (une vingtaine et non 500) permettant de couvrir toutes les fonctionnalités attendues du mélange et bien adaptées au sous-sol français». Une liste « positive » ? De quoi parle-t-on ? De produits qui feraient du « bien » au sol ? Et qui seraient « bien adaptés » au sous-sol français ? Cela signifierait-il que les produits utilisés pour l’instant ne sont pas adaptés, ou ne sont adaptés que pour le sous-sol américain et canadien qui évidemment n’a rien avoir avec le nôtre puisque notre schiste n’est pas le même que le leur ? Là aussi, cela démontre l’incohérence du propos et cela tient de l’effet d’annonce. Il est évident que si la technique utilisée par les industriels américains utilisent 500 produits ou plus, ce n’est pas juste pour le plaisir, mais bien parce qu’ils n’ont pas trouvé d’autres moyens de faire. Faire croire que l’on pourrait n’en utiliser que 20 relève de la technique de manipulation pure et simple !

De même sur l’eau, les experts proposent de réduire les quantités d’eau utilisées ainsi que de « clarifier les obligations des opérateurs gaziers et pétroliers sur les incidences de leurs travaux sur les ressources en eau.» Encore de beaux propos mais sans contrainte et sans véritable fond.

Toutes ces propositions semblent bien absurdes puisque la seule technique connue est celle utilisée aux Etats-Unis, c’est à dire une technique hautement polluante pour l’eau, les nappes phréatiques et l’air, donc une technique allant à l’encontre des objectifs du Grenelle de l’Environnement si cher à notre gouvernement.

Si cette mission dénonce l’absence de transparence et d’information du public dans la délivrance des permis en mars 2010, il n’en reste pas moins qu’elle souhaite poursuivre l’exploration avec, certes, une plus grande information des élus et citoyens (sans évidemment préciser quoi que ce soit sur la manière de le faire) mais surtout avec des modifications fiscales pour que les communes puissent bénéficier financièrement de la présence d’une concession. Une sorte de rémunération au silence visiblement destinée à adoucir les élus locaux qui, eux aussi, se mobilisent largement contre ce processus scandaleux et dangereux.

Alors qu’un projet de loi visant à interdire l’exploration et l’exploitation des huiles et gaz de schiste sur le territoire français sera étudié le 10 mai prochain, Eric Besson, ministre de l’Industrie a réaffirmé que la France ne ferme pas la porte aux gaz de schiste. Ce bazar politique laisse à penser que le gouvernement essaye d’endormir le large mouvement de contestation qui a rapidement vu le jour suite à la découverte de l’existence des permis d’exploration du sous sol français.

France Libertés s’associe à la forte mobilisation pour rappeler que rien n’est gagné et qu’il est absolument nécessaire de continuer à se mobiliser contre cette urgence écologique.

C’est pourquoi nous invitons tous les citoyens, collectifs, associations, syndicats ainsi que les élus locaux et députés à l’Assemblée Nationale le mardi 10 mai à 11 heures pour une grande manifestation. Il est encore temps de montrer que les choses peuvent changer pour bâtir un nouveau modèle de société moins énergivore et plus respectueux de l’environnement et c’est cette question de la construction de la société de demain que France Libertés veut porter au travers de cette mobilisation.