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Quand Volvic triche, nous manquons une occasion pour l’innovation et l’emploi!

23.05.2012


Lors de l'émission de France 2, Cash investigation, La bouteille Volvic (Groupe Danone) dite scandaleusement "bouteille d'origine végétale" a fait l'objet d'une enquête qui a expliqué qu'elle n'était pas végétale au sens biodégradable du terme et que les 20% avancés par Volvic ne correspondaient pas à la réalité du calcul pour mesurer la part de végétal dans le plastique par les normes en vigueur.

Cette dérive commerciale s'inscrit dans un mouvement actuel de l'industrie agroalimentaire qui a vocation à utiliser des matières plastiques issues du végétal, de 10% actuellement à 100% dans peu de temps.

Cette annonce est fallacieuse et trompe le consommateur lorsque l'industriel parle d'économie de Co2 pour la planète. Cette allégation est à démontrer et c'est omettre volontairement que la dangerosité des emballages éphémères ne réside pas dans leur fabrication mais bien dans leur fin de vie.

La fin de vie d'un emballage n'est pas le recyclage mis en lumière par Volvic, ce n'est qu'une étape transitoire. La réalité c'est la fin de vie inéluctable de l'enfouissement et de l'incinération.

Il est donc parfaitement malhonnête de parler de "vert" lorsqu'on utilise des matières végétales, non biodégradables (selon la norme EN 13432 c'est-à-dire sans toxicité pour la biomasse) et non compostables surtout quand on les compare dans la publicité à une salade ou un cornichon.

Sous le couvert de cette campagne de publicité en trompe l'œil surgit la réalité de notre décadence. Nous ne cherchons plus à trouver des solutions pour préserver notre environnement. Nous cherchons à vendre plus, quelque soit le prix environnemental et quitte à omettre certaines informations pour mieux tromper le consommateur.

Pourtant la fabrication de matières plastiques trouvant réellement leurs origines dans le monde du vivant (végétal, animal, bactéries…) est possible pour tout ce qui est des emballages éphémères (sacs, bouteilles, flacons, pots, films…).

Mais nos grands groupes agroalimentaires ne sont pas préoccupés par leur avenir à long terme. Ils ne sont préoccupés que par le dividende du trimestre suivant. Il leur faut donc trouver des solutions immédiates de greenwashing donnant l'impression d'une production d'emballage respectueuse de l'environnement mais ne changeant rien aux sacrosaints bénéfices même si cela les oblige à une communication délirante, lisez celle de Volvic, elle vaut le détour !

Pensez vous que si Volvic avait réellement produit une bouteille végétale pour 2 centimes de plus, vous ne l'auriez pas achetée ? C'est la différence de prix entre un plastique vraiment végétal et leur plastique "d'origine végétal".

La prise de conscience des producteurs et des consommateurs doit être plus forte et doit venir de ceux d'entre nous qui sommes en capacité de changer la donne. L'univers de la publicité n'est pas encadré comme il devrait l'être et permet les dérives comme celle de Volvic. Les consommateurs avancent comme des aveugles et font semblant de croire ce qu'on leur dit avec ce sentiment grandissant qu'on leur ment.

Nous pouvons retrouver de l'éthique, nous devons retrouver de l'éthique !

Au royaume de la consommation, nous ne devons plus tolérer le greenwashing. Nous devons trouver les modalités pour faire que le monde de l'entreprise essaie vraiment d'innover pour transformer notre modèle vieillissant et mortifère de production d'emballages voué aux incinérateurs.

Ce n'est pas un problème de budget ou de bénéfice. C'est la volonté réelle de changer la donne. Pris dans la pression des profits et de la cupidité, nous en oublions notre capacité d'innovation et nous contentons d'omissions et de maquillages pour faire croire que nous transformons notre économie pour qu'elle soit plus respectueuse de la planète.

Rio + 20 se déroulera dans un mois. A notre grand désarroi, le sommet aura pour thème majeur l'économie verte. Si cette économie "verte" doit être celle de Volvic et de sa bouteille dite "d'origine végétale" alors nous continuerons à aller vers la catastrophe annoncée.

Si l'économie verte est celle des acteurs qui veulent construire un univers économique réellement respectueux de la planète et en équilibre avec notre environnement, nous pourrons espérer.

Alors rêvons ! Rêvons que notre pays devienne le leader d'un plastique végétal (PLA) qui soit la matière première de l'emballage éphémère de l'avenir : 100% végétale et non toxique au contact alimentaire, 100% recyclable mécaniquement par broyage, 100% recyclable chimiquement par dépolymérisation pour retrouver l'acide lactique pur, 100% biodégradables sans toxicité, 100% compostable sans toxicité, 100% non toxique à l'incinération.

Ce rêve est facile à faire, il est déjà réalité, développons le maintenant !

Sur le plan politique de ré-industrialisation, nous devons prendre conscience que nous sommes sur un territoire particulièrement propice avec une production agricole adaptée et un savoir-faire complet tant en amont de la chimie verte du végétal, sur le traitement des matières premières que sur leurs transformations dans tous les cycles de fabrications jusqu'à la plasturgie pour faire naître les produits finis d'emballages.

Dans la première région agricole de France, Champagne Ardenne, nous avons même la possibilité de produire et transformer des emballages éphémères dans d'excellentes conditions de ressources pour les matières premières de proximités, d'excellentes conditions d'expertises avec notamment le Pôle IAR (Intelligence Economique et Extranet) à proximité du Centre de Valorisation des Glucides à Amiens (60), le groupe ARD (Agro-industrie Recherches et Développement) à Pomacle (51) pour son antériorité et sa capacité de production, une volonté politique forte exprimée par Jean-Paul Bachy, le Président de Région, et enfin toutes les instances agricoles céréalières qui agissent depuis 20 ans sur le sujet.

Le marché mondial de l'emballage plastique, c'est 100 millions de tonnes qui sont enfouis ou incinérés ! Transformons cette urgence sanitaire et environnementale en emplois !

C'est possible maintenant !


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