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Quand les exclus font de la politique (à Rio)…

04.06.2012


Seulement 3% des déchets de la ville sont recyclés ( la moyenne étant de 40 % pour les grandes villes européennes).  Dans ces 3 %, plus de 90% dépendent de la collecte et des tris effectués par les catadores, nos amis ramasseurs de matériaux recyclables.  Comme pour d’autres villes du monde, nous pouvons remercier les populations exclues pour le service public qu’ils rendent, sans reconnaissance et souvent  gênés par les autorités.

Une partie des catadores brésiliens, auparavant des travailleurs informels stigmatisés et, socialement et économiquement exclus, se sont d’abord organisés en coopérative  puis en mouvement national.  Ils ne se limitent pas à gérer localement les déchets.  Si l’amélioration de leurs conditions de travail et de vie sont à l’origine de leur structuration, ils ont développé et défendu une vision globale de la gestion des déchets qui est non seulement respectueuse de l’environnement mais également un outil d’insertion sociale.  C’est ainsi, avec leurs homologues d’autres continents, qu’ils se sont rendus à plusieurs COP des Nations Unies pour faire reconnaître leur rôle dans la baisse des émissions de gaz à effet de serre et la conservation des ressources naturelles.

Ce mois-çi, le  Mouvement National des Catadores de Matériaux Recyclables (MNCR), avec leurs amis de l’Alliance Mondiale des « Recycleurs Populaires », continue ce travail.  Le 17 juin à Rio, ils organiseront l’évènement, « Zero Waste is happening ! »  où ils présenteront des stratégies de gestion des déchets. Le compostage, le recyclage, le développement de vrais « emplois verts » etc… seront proposés face à de fausses solutions telle que la valorisation énergétique des déchets (l’incinération).  Un espace dédié à la gestion des déchets au Sommet des Peuples sera au cœur de la logistique déchets – les catadores géreront la collecte sélective sur place – mais aussi un lieu d’échanges de pratiques et d’idées sur notre économie verte.  Plus de 300 recycleurs populaires et leurs amis des quatre coins du monde seront de la partie et France Libertés sera représentée par une personne de la Fondation. 

Pour finir, revenons à la gestion des déchets à Rio…. rappelons que la ville possède la décharge à ciel ouvert la plus grande d’Amérique Latine, Jardim Gramacho, qui témoigne de la croissance économique effrénée de cette ville.  Elle sera fermée le 1er juin 2012, seulement 8 ans après la découverte d’infiltrations polluantes dans les sols et l’eau, et juste à temps pour pouvoir dire aux délégués que le problème est réglé.  Cependant, le problème persistant est l’avenir des 2 000 catadores qui travaillaient dans la décharge.  Certains ont reçu une indemnisation monétaire, mais sans aucun dispositif plus durable.  C’est un cas complexe à partir duquel nous pouvons nous poser de nombreuses questions… La première étant:  quelle économie verte choisir ?