Go to the main content

Pour une « sortie » de l’incinération des déchets

12.04.2012


Dans le cadre des rencontres « Déchets & Citoyenneté », co-organisées par France Libertés, l’exemple des pays du Sud, notamment du Brésil, nous amène à remettre en question le modèle français de gestion des déchets, qui recourt fréquemment à la délégation du service public à des opérateurs privés, appartenant souvent à des multinationales, au détriment des acteurs de l’économie solidaire ou populaire. Ce modèle, ainsi que l’offre technologique française proposée par ces multinationales, notamment le mode de traitement par incinération, sont en passe d’être exportés dans les pays du Sud. Ces entreprises sont guidées par le seul objectif de rentabilité et une vision purement économique, même si le greenwashing leur donne une façade d’intérêt général. 

La conscience politique des recycleurs populaires nous a impressionné et nous appelle à promouvoir une approche plus démocratique et plus sociale du traitement des déchets en France.  C’est pourquoi France Libertés salue la mobilisation des associations et citoyens pour une sortie de l’incinération et s’est rendu à leur conférence de presse le 6 avril dernier. 

Communiqué de l'Agence France Presse du 10 avril:

Préparer une "sortie" de l'incinération des déchets: 450 associations de tous les coins de France viennent de constituer une coordination nationale pour réclamer la fin de cette technique qu'elles jugent coûteuse et préjudiciable à la santé et à l'environnement. "

La France a un des taux de recyclage les plus bas d'Europe et le plus grand parc d'incinérateurs" où sont brûlés près de la moitié des déchets ménagers, a expliqué Roger Anglaret, présentant la coordination à la presse.

Avec 130 incinérateurs, la France occupe le premier rang en Europe. 30% de ce qui est brûlé se retrouve sous forme de mâchefers, mis en décharge ou utilisés pour la construction de routes, selon Greenpeace.

La coordination nationale affirme dans un manifeste que l'incinérateur "brûle ce qui pourrait être recyclé", alors que les coûts des matières premières s'envolent, et produit des rejets "hautement toxiques", tels que métaux lourds, dioxines, furanes ou refiom (résidus d'épuration des fumées). "L'incinérateur est une fabrique de poisons", estime le Dr Alain Laffont, porte-parole d'un collectif de 534 médecins. Une étude de l'Institut de veille sanitaire publiée en 2008 montrait une augmentation des cas de plusieurs cancers chez des personnes vivant à proximité d'incinérateurs.

Les normes, depuis, ont évolué vers plus de sévérité, mais "rien ne permet de garantir l'innocuité des fumées sur la santé humaine", estime le Dr Laffont. Nocif pour l'environnement, l'incinérateur produit des molécules toxiques, du CO2 et aussi des mâchefers "qui polluent le sol et l'eau, une fois mis en sous-couche routière", ont souligné les anti-incinérateurs.

La solution est en outre onéreuse avec des coûts d'investissement qui grimpent et des coûts d'exploitation grevés notamment par le traitement des fumées: filtration des poussières chargées en molécules toxiques, neutralisation des fumées acides… Ils ont relevé que des alternatives étaient possibles: produire moins de déchets, avec des produits qui durent plus longtemps et à emballages réduits, améliorer le tri, composter ou méthaniser les déchets organiques…

"Si la France connaissait le taux de recyclage de l'Allemagne, on pourrait fermer la moitié des incinérateurs et des décharges", a relevé Sébastien Lapeyre, directeur du Centre national d'information indépendante sur les déchets (Cniid). En outre le recyclage crée dix fois plus d'emplois que l'incinération, assure-t-il.

Un questionnaire a été envoyé aux candidats à la présidentielle, dont cinq sur 10, "tous de gauche", ont répondu. Les réponse ont été notées: 10/10 pour Eva Joly pour des réponses "claires et précises", 9/10 pour Philippe Poutou (NPA) pour qui il faut "favoriser une société sobre en énergie et en biens consommés", 7/10 pour Jean-Luc Mélenchon qui suggère "un moratoire sur la construction de nouveaux incinérateurs", "à peine 5/10" pour François Hollande, "hors sujet", et "en-dessous de la moyenne" pour Nathalie Arthaud (LO) qui se refuse à "mettre en cause une technique particulière".

© AFP

Plus d’information sur le programme Déchets et Citoyenneté