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ONG et peuples des quatre coins du monde réunis à Rio pour lutter contre la Biopiraterie

22.06.2012


Depuis une semaine, le Collectif pour une alternative à la biopiraterie, dont France Libertés est membre, est à Rio dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable et du Sommet des peuples organisé en parallèle. C’est dans l’enceinte de ce sommet que s’est tenu hier un atelier sur la biopiraterie, en présence notamment de Vandana Shiva et de Benki Ashaninka.

Durant toute une semaine, les membres du Collectif, dont France Libertés, ont pu prendre part à des ateliers organisés dans l’enceinte de la Conférence officielle Rio+20 mais surtout dans celle du Sommet des peuples. Ces moments ont permis au Collectif de rencontrer de nombreuses organisations mobilisées sur des thématiques en lien avec la biopiraterie.

La biopiraterie consiste en l’appropriation illégitime de ressources biologiques et des connaissances traditionnelles qui y sont associées. Elle est principalement mise en œuvre par les firmes cosmétiques, pharmaceutiques et agroalimentaires via le système des brevets, allant à l’encontre de l’intérêt des peuples autochtones détenteurs de ces savoirs sur ces ressources naturelles.

La biopiraterie concerne donc les peuples autochtones mais aussi les ONG de défense des biens communs, des savoirs traditionnels ou encore mobilisées contre le brevetage du vivant…Le Collectif a ainsi pu participer à la Conférence globale des peuples indigènes en début de semaine, évènement organisé dans le cadre de Rio+20 et était également présents sur le campement libre des peuples indigènes brésiliens au sein du Sommet des peuples, ou encore à la grande marche de mobilisation internationale du 20 juin.

Hier, jeudi 21 juin, le Collectif Biopiraterie a organisé un atelier d’information et de mobilisation au sein du Sommet des peuples de Rio, en présence notamment de Vandana Shiva et de Benki Ashaninka. Cet atelier visait à échanger, s’informer, débattre et trouver des alternatives concrètes à la biopiraterie. L’atelier a duré 2h30 et a réuni jusqu’à 250 personnes !

Dans un premier temps, Vandana Shiva et Benki Ashaninka ont  pu évoquer les problèmes et enjeux globaux posés par la Biopiraterie. Vandana Shiva a ainsi défendu sa thèse selon laquelle la Biopiraterie est un pillage des ressources du Sud par les entreprises du Nord via le système des brevets et représente ainsi une nouvelle forme de colonisation. Le cas de Biopiraterie sur le Neem et le cas plus récent de l’aubergine modifiée et brevetée par Monsanto, ont pu illustrer ses propos. Vandana Shiva en a profité pour annoncer le lancement début octobre  d’une grande campagne sur la souveraineté sur les semences avec de nombreuses autres organisations internationales.

Benki Ashaninka, représentant du peuple Ashaninka de l’Etat d’Acre au Brésil, a ensuite pris la parole pour dénoncer le cas de biopiraterie sur le muru muru, plante brevetée par une entreprise brésilienne, malgré son utilisation traditionnelle par les peuples indigènes de la région.

L’atelier a ensuite été consacré à la présentation d’outils de prévention contre la Biopiraterie et d’alternatives concrètes et vertueuses. Ilko Rogovich est intervenu pour présenter le travail de l’Initiative ando-amozonienne de prévention contre le biopiraterie, mise en place par la SPDA au Pérou. Cette initiative fait écho à la création par l’Etat péruvien d’une Commission nationale de lutte contre la Biopiraterie, qui a déjà pu contrer avec succès 11 cas de biopiraterie, en partenariat avec des ONG, dont celui du Sacha Inchi breveté par Greentech et dont le brevet a été finalement retiré suite à l’action conjointe de la Commission péruvienne et du Collectif biopiraterie.

Lourdes Laureano, représentante de communautés rurales de l’Etat du Cerrado au Brésil et coordinatrice de l’articulation Pacari, a présenté ensuite son travail sur les pharmacopées populaires comme alternative au brevetage par les entreprises, afin de valoriser et enregistrer les savoirs, pour  une gestion par et pour les communautés.

Michael Schmidlemner, de l’ONG Amazon Link, a quant à lui présenté  le projet Aldeias Vigilantes (Communautés vigilantes) visant à sensibiliser les communautés aux enjeux liés à la Biopiraterie et aux outils pour y faire face. Cela passe entre autres par l’utilisation des techniques du théâtre de l’opprimé ou encore des formations sur les différences entre les lois de la communauté et les lois internationales les concernant.

Enfin, l’atelier s’est  terminé par un débat avec la salle et les ONG mobilisées sur des thématiques connexes et des idées ont pu être échangées afin de renforcer le réseau international mobilisé contre ces pratiques illégitimes : le renforcement des liens entre les universités et les ONG, l’inclusion de la biopiraterie dans les enjeux centraux des mouvements sociaux ou des mouvements  mobilisés contre l’agrobusiness, l’agrochimie, les OGM, les semences…

Les membres du Collectif Biopiraterie présents à Rio, dont France Libertés,  ont pu prendre contact avec une centaine d’organisations ou personnes intéressées pour développer des partenariats et joindre nos forces, suite à cette rencontre à Rio, pour lutter contre la biopiraterie.