En cette époque troublée, certains diront que les populismes envahissent le monde, d’autres que le système néolibéral éteint peu à peu nos démocraties. Je n’ai qu’une certitude, nous ne sommes pas sur le bon chemin.
L’Humanité a tout connu au XXème siècle, l’horreur de deux guerres mondiales sans oublier les autres conflits aux quatre coins de la planète, mais elle a aussi vu un développement économique et technique qui a pu donner l’illusion que nous, les humains, étions les rois du monde.
Le XXIème siècle doit s’inscrire sur un tout autre chemin, ou l’Humanité et le vivant risquent fort de disparaitre. Nous découvrons notre monde fini, limité, fragile. Nous savons qu’il est notre seule maison mais plutôt que d’y faire attention nous le pillons sous prétexte de croissance, de consommation, d’argent. Avec le printemps viennent les hirondelles. Elles sont chaque année moins nombreuses, et un jour prochain elles ne seront plus. Les insectes, les oiseaux, les poissons, les mammifères, les plantes, la disparition de la biodiversité est un véritable carnage que nous regardons sans rien faire ou presque.
Mais le plus déprimant, c’est qu’au lieu de prendre conscience du péril qui nous guette, au lieu de faire de la lutte contre le changement climatique notre objectif commun pour survivre, l’Humanité se chamaille.
Que dirons les générations futures quand elles se rappelleront notre époque ?
Elles diront que nous avons été stupides de nous prendre le bec sur les questions migratoires au lieu d’aider les migrants à survivre aux guerres économiques ou politiques, stupides de ne penser qu’à relancer la croissance même si c’est trop souvent à coup d’accidents de la route comme disait Claude Alphandéry à Raymond Barre en 1974, stupides de pratiquer l’évasion fiscale (notre Président dirait l’optimisation fiscale) au lieu d’investir tous les moyens disponible à la préservation de l’eau et de la vie.
La planète est toute petite et elle est fragile. Cette fragilité concerne l’Humanité toute entière et non nos petits États accrochés à leurs frontières rabougries. Avec les impacts du changement climatique, nous allons vite comprendre que nous sommes tous concernés.
Nous avons été capables de mondialiser l’économie, la finance, les transports, les cultures, les cuisines, l’aide humanitaire et au développement. Mais serons-nous capable de mondialiser l’intelligence nécessaire à sortir l’Humanité de ses guerres intestines pour penser plus grand, pour penser bien commun de l’humanité et du vivant ?
Il ne tient qu’à nous de le prouver.
Emmanuel Poilane, directeur de France Libertés