Les projets Porteurs d’eau : l’heure du bilan !
10.09.2012
« Avant de s’interroger pour savoir si l’accès à l’eau est un droit reconnu ou un besoin à satisfaire, nous nous sommes questionnés sur les raisons d’une telle situation. (…) il s’agit d’un manque de volonté politique particulièrement dommageable, voire criminel ».
Pour Danielle Mitterrand, la priorité donnée par le mouvement des Porteurs d’eau réside dans la définition de choix politiques alternatifs. Pour cette raison, le lancement de l’appel à propositions en 2010 s’est volontairement orienté sur des thématiques de plaidoyer, de sensibilisation et de renforcement des compétences, accompagnant des actions de terrain. Afin de garder une cohérence locale, France Libertés soutient des actions communautaires adaptées à chaque contexte.
Répartis sur quatre continents, les treize projets sélectionnés vont donc bien au-delà de la construction d’infrastructures et promeuvent l’eau comme bien commun du vivant et droit fondamental, qui doit être gérée de façon publique, transparente et participative.
Chacun de ces projets s’est interrogé sur le sens politique donné à ses initiatives, que l’eau soit en abondance ou d’une rareté inquiétante. A titre d’exemple, le projet mis en place dans l’Etat d’Orissa en Inde, a permis de renforcer les capacités des citoyens les plus marginalisés en les responsabilisant. La prise de conscience de la société civile est souvent motrice d’un changement global. Si la concertation en est un outil, le développement d’un plaidoyer local ou national favorise un accès durable à des droits effectifs sur le terrain. Par exemple, sur le continent africain, treize leaders de groupements féminins ougandais ont été formés pour constituer des clubs de plaidoyer, afin d’organiser des rencontres avec les autorités locales. Ces rencontres permettront d’inscrire dans la durée l’amélioration de leur accès à l’eau potable et assainie. De fait, seul un travail dans la durée pourra garantir un changement de comportements global.
Le bilan de ces projets est clair : il faut continuer à mener des efforts et garder en tête cette notion de « résistance » que Danielle Mitterrand savait si bien définir. Même si des avancées ont pu être établies, comme par exemple la constitution d’une plateforme citoyenne au Chili proposant des modifications du code de l’eau, les solutions innovantes et alternatives doivent continuer à être le moteur des initiatives porteuses d’eau.
Et après ? Certains projets ont pour ambition de poursuivre les objectifs. Pour l’Afrique du Sud, l’objectif serait de réaliser une seconde assemblée de citoyens. En Moldavie, les relations avec les autorités publiques pourraient être renforcées afin de développer ensemble les solutions proposées par nos partenaires pour l’amélioration de la qualité de l’eau. D’autres porteurs de projets ambitionnent de valoriser les rencontres établies depuis deux ans entre les porteurs d’eau. Cela a été le cas lors du Forum Social Mondial à Dakar en février 2011, lors des Fora Mondiaux de l’eau à Marseille en mars 2012 ou encore à l’occasion du Sommet des Peuples à Rio en juin dernier. Cela passerait par la création d’une plateforme d’échanges de procédés et d’expériences entre les porteurs d’eau. Cette plateforme pourrait être un outil de communication entre les porteurs d’eau, mais aussi l’occasion de nouvelles rencontres, d’actions communes de formation, de renforcement de compétences et de plaidoyer. Ce réseau amorcerait donc la mise en place d’un mouvement international pour la promotion du droit à l’eau et à l’assainissement, une tribune pour les Porteurs d’eau lors d’évènements internationaux, un outil de dissémination de la déclaration « L’eau n’est pas une marchandise, c’est le bien commun de l’humanité et du vivant », en contre pouvoir du Conseil Mondial de l’eau, présidé par des dirigeants d’entreprises privées du secteur de l’eau et sans réelle légitimité.
De son côté, France Libertés souhaiterait préparer un nouvel appel à projets. Au vu des derniers chiffres publiés par l’OMS, encore 11% de la population mondiale, soit 780 millions de personnes, n’ont toujours pas accès à de l’eau potable à la fin de l’année 2010. De même, encore 37% des habitants de la planète n’ont toujours pas accès à des services d’assainissement améliorés. Cette situation est d’autant plus alarmante que le droit à l’eau potable et à l’assainissement pour toutes et tous a été reconnu comme un droit humain par la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies le 28 juillet 2010.
Au nom de ces projets Porteurs d’eau, France Libertés tient à remercier ses nombreux donateurs pour avoir permis la réalisation des actions. Si chaque partenaire a pu réaliser ses objectifs, c’est en partie grâce au soutien moral, politique et économique de France Libertés.
Consciente d’avoir encore beaucoup à apprendre de ces projets Porteurs d’eau, France Libertés mène un travail de capitalisation des rapports rendus chaque semestre. Ce document se veut être un outil de valorisation des initiatives entreprises dans les pays du Sud, alimentant notre expertise et pouvant servir d’exemple à nos actions quotidiennes de résistance.
Retrouvez prochainement les photos des projets !