Les loups sont aux portes de Paris!
16.04.2013
Une tribune d’Emmanuel Poilâne, directeur de France Libertés, publiée ce matin sur le Huffington Post
Une autre vision de la politique, Danielle Mitterrand en parlait souvent !
Depuis la crise Cahuzac, la démocratie française semble vaciller. Les réactions des uns et des autres ne semblent guidées que par le sauve qui peut ou la soif du pouvoir. Je sais que cette impression est terrible et absolument pas honnête vis-à-vis des ambitions et des engagements du corps politique. Pourtant, cette impression prend forme plus réellement jour après jour aux dépends de tous.
Le monde change et nous nous accrochons aux anciens fonctionnements obsolètes tout en nous éloignant des valeurs fondamentales de nos sociétés. Nous semblons avoir oublié comment la société française s'est reconstruite après la guerre, oublié le sens de l'impôt, oublié le sens de la solidarité. Nous entendons sans cesse dire que nous n'avons plus les moyens de notre système social malgré l'enrichissement constant de notre pays. Nous sommes devenus cupides, égoïstes et avons oublié l'essentiel : l'ambition collective de notre vie en société.
Je garde en tête le message de Danielle Mitterrand qui entre autres qualités avait cette capacité de visionnaire à regarder l'avenir sans jamais perdre de vue le passé.
Danielle Mitterrand n'oubliait jamais comment son esprit de résistance s'était construit dans la résistance au fascisme des années 40. Danielle Mitterrand n'oubliait jamais que l'ambition de l'Europe était avant tout celle de l'Europe des peuples et non celle de la finance.
Danielle Mitterrand avait vu avant beaucoup que la question de l'eau pour tous, reconnue comme un droit universel fondamental deviendrait une priorité pour les populations et les peuples.
C'est pour cela qu'aujourd'hui, je me rappelle du message de Danielle Mitterrand qui, tout en étant toujours extrêmement respectueuse de l'histoire des partis politiques, disait depuis de nombreuses années que ce mode de politique était derrière nous, qu'il était obsolète.
Lorsque Jean Luc Mélenchon vint la voir à la Fondation France Libertés au moment de créer le Parti de Gauche, Danielle Mitterrand l'enjoint de trouver un autre statut que celui de Parti Politique car elle était certaine que cette forme ne pouvait être celle de la construction du changement de monde, d'une démocratie ressuscitée.
Danielle Mitterrand nous expliquait sans cesse que l'avenir était aux réseaux. Grâce aux nouvelles technologies notamment, il est possible aujourd'hui à des milliards de citoyens du monde d'échanger, de faire du plaidoyer, de se retrouver pour des mouvements populaires, d'imaginer un monde qui retrouve du sens pour l'Humanité.
Dans le respect du message de Danielle Mitterrand, imaginons ce qui pourrait émerger d'un nouvel espace politique. Je rêve d'une Assemblée nationale où les députés votent en fonction de leurs engagements et non de la ligne de leur parti. Je rêve d'une démocratie où l'on ne donne pas seulement la parole au peuple tous les 5 ans. Je rêve d'une démocratie où les consommateurs redeviennent des citoyens et participent activement à la construction de notre projet de société.
Le monde change nous le savons. La crise est durable. La Paix est fragile. Les loups sont aux portes de Paris comme disait Reggiani. Nous devons imaginer urgemment et ensemble un projet de société qui nous sortira de la culture de l'avoir pour rouvrir une société de l'être.
Thomas Jefferson disait en 1802 : "Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières prêtes au combat. Si le peuple américain permet un jour que des banques privées contrôlent leur monnaie, les banques et toutes les institutions qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toute possession, d'abord par l'inflation, ensuite par la récession ; jusqu'au jour où leurs enfants se réveilleront, sans maison et sans toit, sur la terre que leur parents ont conquis."
Nous en sommes là aujourd'hui.
Rappelons-nous le message de Danielle Mitterrand. Il est possible de mettre au rencard la loi des partis et d'imaginer, dès aujourd'hui, une nouvelle forme de l'exercice de politique et démocratique pour redonner du sens à la construction de notre projet de société loin de l'influence des banques et de l'argent roi. A charge pour chacun d'entre nous de faire entendre cette petite musique par tous les moyens possibles et imaginables.
Retrouvons notre bon sens et redonnons tout leur sens aux mots "Politique" et "Démocratie".
Retrouvez la tribune sur le site du Huffington Post