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Les gaz de Schiste, l’exemple type d’un système dépassé, France Libertés prend position pour un nouveau modèle de société.

11.04.2011

Après les Etats-Unis et le Canada, le gaz de schiste est en train de devenir un important sujet de préoccupation en Europe et tout particulièrement sur le territoire français. Depuis plusieurs mois, des milliers d’habitants sont hantés par l’idée de voir des foreuses débarquer dans leur ville et sur leurs terres afin d’explorer les sous-sols et leur teneur en gaz et huile de schiste. Le gaz de schiste (ou shale gas) est un gaz non conventionnel. On nous explique qu’il pourrait être une alternative au pétrole et rendre la France énergétiquement indépendante mais nous contestons cela. En effet, aujourd’hui, la teneur en gaz de la France permet 3 jours d’autonomie et le gaz de schiste permettrait d’allonger cette autonomie à seulement 15 jours. Cependant, les multinationales du gaz et du pétrole, que le gouvernement soutient puisqu’il a délivré plusieurs permis d’exploration des sous-sols français, y voient une manne financière importante..

Quand on sait qu’une fracturation hydraulique (méthode d’extraction) nécessite 20 millions de litres d’eau, soit l’équivalent de six piscines olympiques, on voit les choses autrement. En effet, la technique de fracturation, en plus d’être hydrophage, nécessite l’ajout de 500 et jusqu’à 2000 produits chimiques dont la composition pour certains est gardée secrète pour des raisons de secret industriel. Or ,ces additifs peuvent constituer jusqu'à 200 tonnes de déchets chimiques enfermés dans le sous–sol et dans les aquifères et peut aller jusqu’à rendre l’eau radioactive (CF article NY Times)

Mais ce n’est pas tout, le gaz de schiste et son extraction engendrent de graves répercussions sur la préservation et la qualité de l’eau : depuis la fuite de gaz dans les aquifères au difficile traitement des eaux dans des stations d’épurations peu adaptées, en passant par la compromission de l’étanchéité des nappes lorsque la fracturation est mal maîtrisée ou par la contamination de l’eau du robinet (la teneur en gaz est telle que l’eau peut littéralement s’enflammer à l’approche d’un briquet).
   
France Libertés a depuis longtemps pris position pour une gestion démocratique et durable de l’eau « bien commun de l’Humanité ». Avec la campagne des Porteurs d’eau et plus récemment le lancement d’une grande enquête citoyenne sur le prix du service de l’eau en France, nous avons voulu initier un débat public et Politique sur cette question. Aujourd’hui, nous ne pouvons que nous inquiéter des dérives inhérentes à ce type de projets extractifs, polluants et hautement hydrophages.

De plus, ces projets sont menés sans le moindre effort de transparence.

Face au mécontentement grandissant, le Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement ainsi que le Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie ont enfin annoncé le 4 février 2011 l’établissement, non pas d’un moratoire sur la prospection comme il avait été demandé par les citoyens, mais d’un accord avec les industriels concernés afin qu’ils suspendent leurs travaux le temps de la réalisation d’une étude censée éclairer le gouvernement sur les enjeux économiques, sociaux et environnementaux des hydrocarbures de roche mère (gaz et huiles de schiste).

Cependant, ces mesures trop frileuses ne permettront pas d’enrayer ce processus scandaleux et dangereux. Elles ne font que repousser l’exploitation et l’exploration sans même perturber le calendrier des exploitants. Elles sont seulement destinées à calmer la contestation grandissante en vue des prochaines élections présidentielles. Au contraire, le gouvernement appuie les multinationales françaises de l’énergie et privilégie donc la logique de profits au détriment de la santé et du droit à l’eau des citoyens français.

Certaines pistes sont malgré tout en cours puisque le groupe socialiste du Sénat a récemment déposé un projet de loi, dont l’examen est fixé au 12 mai prochain, visant à interdire l’exploration et l’exploitation des gaz et huiles de schistes sur le territoire national. Dans la foulée, la Ministre de l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet a déposé un projet de loi pour que toute exploration du sous-sol soit précédée d’une « consultation du public ». Le terme de « consultation du public » reste cependant trop faible si l’on aspire à l’exercice d’une réelle démocratie, et en particulier concernant des activités aux impacts aussi importants sur les populations et leurs milieux de vie. La recherche d’un véritable consentement des citoyens et des élus locaux est ici indispensable.

C’est pourquoi, France Libertés rejoint la large mobilisation regroupant aussi bien des citoyens, des associations, des environnementalistes que des élus ou des scientifiques en ayant comme ambition de plaider contre les gaz et huiles de schiste auprès des élus et des décideurs français afin d’arrêter l’exploration pour laquelle les permis ont été délivrés.

Cette urgence écologique liée à la triste actualité de la centrale de Fukushima nous prouve que l’on ne peut jouer aux apprentis sorciers avec l’énergie nucléaire. Cependant, contrairement a ce qu’a pu laisser entendre la Ministre de l’Ecologie lors d’un débat sur la question des huiles et gaz de schiste à l’Assemblée Nationale, il ne faut surtout pas que l’on puisse se servir du gaz de schiste comme parade au nucléaire et inversement, mais il faut nous battre contre le nucléaire et le gaz de schiste en même temps. Il est grand tant de nous poser la question :

Jusqu’où souhaitons nous mettre notre eau, et donc notre vie en danger ?

Ces récents évènements nous mènent à une réflexion plus générale sur nos comportements, sur notre modèle et sur notre consommation énergétique. Jusqu’où avons-nous besoin d’énergie ? Devons-nous risquer notre santé, notre bien être ainsi que celui de nos enfants pour le profit des grandes entreprises ? Si nous pensons toujours en terme de profits, qu’en est t’il du « bien commun » ?

La course effrénée à la croissance et à l’accumulation d’argent ne tient pas compte du caractère « fini » de nos ressources naturelles dont l’eau, élément vital qui doit être notre priorité absolue.

France Libertés, qui travaille depuis de nombreuses années autour de la notion complexe qu’est la « richesse », souhaite proposer un autre modèle de société ancré sur les fondamentaux humains et écologiques, en promouvant une nouvelle conception de l’économie.

C’est pourquoi nous exigeons :

  • L’interdiction de l’exploration et de l’exploitation des gaz et huile de schiste en France, dans l’Union Européenne comme partout ailleurs.
  • L’annulation des permis délivrés sans aucune indemnisation des entreprises détenant ces permis illégitimes.
  • L’organisation d’un réel débat sur la question de notre dépendance aux énergies nucléaires et carbonées liée à une surconsommation généralisée.
  • Un renforcement de manière générale du droit des populations à l’information, à la consultation et au consentement pour les décisions qui ont un impact sur leur environnement et leur santé.

A l’heure où la mobilisation contre l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste s’organise, autant en France qu’aux Etat-Unis et au Canada, il est temps de penser un nouveau modèle de développement.