Les droits des populations Jummas au Bangladesh toujours violés
26.09.2013
Les droits humains fondamentaux des populations Jummas du Bangladesh continuent d’être violés, dans l’indifférence totale de la communauté internationale et l’impunité des auteurs de ces actes.
France Libertés, les Amis de Jummas et International Jumma Voice ne les oublient pas !
Les Jummas sont un ensemble de onze groupes autochtones qui vivent dans les Chittagong Hill Tracts (CHT) au Bangladesh et qui connaissent depuis des décennies une oppression forte de la part des colons bengalis présents dans la région.
En octobre 1987, 72 orphelins Jummas – qui vivaient dans les CHT – sont arrivés en France, grâce à l’association Partage et au soutien de Danielle Mitterrand.
Depuis, la Fondation France Libertés a continué à relayer les informations sur la situation de ces populations, à dénoncer à l’ONU la violation des droits des Jummas et a reçu, en octobre 2012, le roi Raja Devasish Roy, lui offrant ainsi une tribune pour exposer les violations auxquelles font face les populations Jummas.
Selon les informations reçues par la Commission des CHT, le 3 août dernier, une attaque brutale a été menée par des colons bengalis contre les habitants de cinq villages des Chittagong Hill Tracts.
Alors que les villageois travaillaient dans les champs, au moins 35 maisons ont été brûlées, 200 ont été pillées et vandalisées, 12 villageois ont été battus et une vieille femme est portée disparue.
Il s’agit de la cinquième attaque depuis janvier, ayant pour conséquence le déplacement de milliers de Jummas vers l’Etat indien voisin du Tripura.
Pendant ces attaques, les forces de l’ordre ont eu un rôle passif, ne menant aucune action pour protéger les populations. De plus, à ce jour, aucune enquête ni recherche de responsabilités dans ces incendies criminels n’ont été menées à bien par les organismes publics bengalis.
Les peuples Jummas vivent, depuis un demi-siècle, une situation tragique. Le gouvernement du Bangladesh a longtemps considéré la région des Chittagong Hill Tracts comme une terre vierge où il pouvait installer les Bengalis pauvres, peu éduqués, sans terre et sans aucune considération pour les Jummas, qui en sont pourtant les habitants d’origine.
Durant les 50 dernières années, les Jummas, qui étaient pratiquement les seuls habitants des Hill Tracts, sont devenus minoritaires, démographiquement dépassés par les colons bengalis, fragilisant ainsi l’équilibre entre les hommes et la nature. Tout en ayant été chassés par ces derniers auxquels on attribue les meilleures terres, ils ont longtemps été confrontés à une violente répression de l’armée. Cette situation a conduit à une guerre contre les Jummas de 1978 à 1997 et provoqué le départ en exil de plus de 100 000 réfugiés.
Mme Danielle Mitterrand, à la télévision française, en octobre 1986, parle d’un génocide en évoquant ce qui se passe dans les Chittagong Hill Tracts. Un accord de paix, signé en 1997, a mis fin à la guerre mais il n’est que très partiellement appliqué.
Aggravant encore la situation, la Constitution du Bangladesh a été modifiée en 2011, de telle sorte que les populations Jummas ne sont plus reconnues comme peuples autochtones, les privant ainsi de leurs droits sur leurs terres.
Dénonçant cette situation intolérable, France Libertés a soumis à la 24e session du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies une déclaration écrite sur la situation des droits de l’homme dans les CHT.