L’effectivité du droit à l’eau au Pérou, rêve ou réalité ?
02.08.2012
Dans un message à la Nation à l’occasion du premier anniversaire de son investiture et de la Fête Nationale du Pérou, le Président péruvien Ollanta Humala a proposé samedi dernier une réforme constitutionnelle pour le droit à l’eau.
Au coeur des conflits sociaux et environnementaux liés au développement de l'industrie minière qui déchirent le pays, Le Président péruvien s'est engagé à "n'autoriser aucun projet d'extraction minière qui puisse exposer la population à la pénurie d'eau ou qui ne respecte pas les critères d'eau potable" (Source : AFP).
Ollanta Humala, a été fortement critiqué depuis son investiture pour son manque d’efficacité dans la gestion des crises sociales et des conflits miniers. De fait, la première année de sa présidence a été marquée par 247 conflits sociaux qui ont fait 17 morts, plus de 2.000 blessés et conduit à l'instauration par trois fois de l'état d'urgence.
Fin 2011, la province de Cajamarca avait été en partie paralysée par une série de manifestations et de blocages de routes, soutenus par France Libertés, contre le projet de Conga, plus gros investissement minier du pays (4,8 milliards de dollars), qui doit voir le jour d'ici 2014. Le gouvernement, qui soutient ce projet, avait alors déjà décrété l'état d'urgence.
Les opposants au projet redoutent principalement l'impact de la mine sur les fragiles sources d’eau de la région. Le projet doit en effet sacrifier quatre lacs-réservoirs d'altitude pour les remplacer par des lacs artificiels.
Les revendications de février dernier lors de la marche nationale de l’eau, à laquelle France Libertés a participé, avaient pour objet de soumettre une liste de demandes sociales et environnementales jugées essentielles pour le maintien de la vie et de la dignité des communautés locales et peuples autochtones. La demande était faite d’une réforme constitutionnelle qui reconnaisse le droit à l’eau potable et à l’assainissement pour tous.
C’est un message d’espoir pour toutes les communautés gravement touchées par les crises sociales et environnementales du pays. Espérons que Juan Jiménez, premier ministre du nouveau gouvernement et juriste spécialiste en droit constitutionnel, saura prendre acte des propositions d’Humala pour l’effectivité du droit à l’eau.
L’expansion des concessions minières porte atteinte aux droits d’accès à la terre ou à l’eau. Pour ces raisons, France Libertés soutien depuis 2010 un projet Porteur d’eau au sud du Pérou. Celui-ci vise à améliorer la gestion sociale et intégrée de l’eau par les organisations sociales de municipalités andines affectées par l’activité minière. Dans ces régions, l’exploitation minière est une activité traditionnelle qui endommage gravement les ressources en eau et qui a multiplié les conflits au sein des sociétés paysannes et indigènes péruviennes.