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Le droit de vivre en paix

13.07.2022

Le référendum qui se déroulera le 4 septembre prochain au Chili devrait permettre au pays de voter en faveur d’une nouvelle Constitution et mettre ainsi fin à plus de 40 ans d’un système social injuste et destructeur. En 1980, la Constitution imposée par la dictature du général Pinochet forcera le pays austral à une stratégie du choc, comme le décrit la journaliste canadienne Naomi Klein en démontrant comment les économistes de l’école de Chicago ont imposé aux démocraties l’ordre néolibéral par l’instrumentalisation des crises. Le néolibéralisme sera-t-il enterré au pays où il est né ? Rien n’est moins sûr, car à six semaines d’un dénouement qui aujourd’hui est malheureusement donné perdant, sévit une campagne systématique de discrédit sur le texte proposé et de fausses informations qui sont largement partagées par les forces conservatrices du pays, arguant entre autres que cette nouvelle Constitution serait trop « pachamamique » ou encore trop radicale.

Premier texte constitutionnel au monde à être rédigé avec une parité stricte et à s’inscrire dans le contexte de la crise climatique actuelle, cette nouvelle proposition de Constitution cherche avant tout à redonner au Chili les droits et garanties d’accès à un système de santé, à la sécurité sociale, aux pensions de retraite, à l’éducation, au logement et, en particulier, à l’eau et à la nature. La situation dramatique de la gestion de l’eau au Chili n’est pas un cas au hasard. Le Chili est le pays qui va le plus loin dans la privatisation, la financiarisation et la marchandisation de ses eaux. Cette forme de privatisation de l’eau a produit de nombreux conflits sociaux et environnementaux qui, comme nous le signalait Rodrigo Mundaca, (lauréat du Prix Danielle Mitterrand en 2019) défenseur infatigable du droit à l’eau au Chili, dans le webinaire organisé par la Fondation, « Au Chili la base des inégalités est liée à l’appropriation des biens communs ».

Depuis les années 80 et la solidarité aux réfugiés chiliens de la dictature, Danielle Mitterrand et la Fondation n’ont jamais cessé d’apporter un soutien au peuple chilien. En 1992, elle soutient Adolfo Millabur, le premier maire autochtone mapuche de l’histoire du Chili ; en 2008, la Fondation porte au sein du Conseil des droits de l’Homme les revendications du peuple mapuche via plusieurs déclarations écrites et orales, ou encore récemment, en 2021, en soutenant la création d’une école de l’eau dans le sud du pays.

L’espoir suscité par cette nouvelle Constitution « qu’une autre vie est possible » est également un enjeu au niveau mondial. En effet, toutes celles et ceux qui partout sur la planète bâtissent un futur plus juste peuvent voir en cette expérience progressiste de constituante au Chili, la possibilité de construire un monde plus désirable et respectueux des droits humains et de la nature. Nous affirmons notre solidarité et notre soutien au peuple chilien pour que cette nouvelle Constitution soit approuvée le 4 septembre prochain.

Diego OLIVARES
Chargé de communication de la Fondation

*Le droit de vivre en paix, (« El derecho de vivir en paz« ) est une chanson emblématique du chanteur engagé Victor Jara, assassiné par la junte militaire chilienne en 1973 et qui devint l’hymne d’espoir et de dignité du peuple chilien lors du soulèvement populaire d’octobre 2019.