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La gestion des déchets en France, vue du Brésil

02.07.2013


Pour cet événement, des catadores (ramasseurs de matériaux recyclables) et chercheurs brésiliens sont venus nous livrer leurs impressions sur la gestion des déchets en France. Autour de débats, colloques, visites des collèges, des ressourceries et des centres de traitement de déchets, ils nous ont également permis d’envisager quel pourrait être le rôle de l’économie sociale et solidaire (ESS) pour ce secteur.

À travers leurs réflexions, les catadores nous rappellent qu’un déchet est un produit, une matière extraite un jour de notre planète limitée, transformée et utilisée par et pour nous tous. Une fois recyclé, ce produit devient générateur d’emplois et de revenus, ainsi que facteur de préservation environnementale.

Madalena, une catadora, déplore que « Premièrement, en France, de nombreuses personnes semblent ne pas être préoccupées par cette thématique, même au sein des décideurs politiques. Et lorsqu’ils s’y intéressent, l’attention est portée sur la protection de l’environnement, laissant de côté l’aspect social ». Elle nous fait remarquer que : « Le débat  français est trop fragmenté », oubliant de replacer l’humain au centre des préoccupations. Roberval, un catador, poursuit : « chacun veut agir de son côté, ce qui ne permet pas de résoudre le fonds des problèmes »

Alors qu’ils ont visité de grosses structures de recyclerie et un centre de traitement des déchets à fort investissement technologique en Essonne, les Brésiliens ont été marqués par leur faible niveau d’emploi. « Avec une telle surface, onn embaucherait 10 fois plus de personnes au Brésil ! », réagit Viviane, catadora.

L’enfouissement et l’incinération de grandes quantités de « matières premières secondaires », a profondément choqué les catadores, témoins d’un gaspillage, à leur sens. Les déchets pourraient être triés puis recyclés grâce à une main d’œuvre plus rigoureuse que la machine. Selon Gonçalo, chercheur universitaire, « le modèle actuel d’entreprise dans le tri de déchets repose sur des idées dépassées, qu’il nous faut maintenant repenser ».

La gouvernance même des structures est interrogée par les Brésiliens, habitués à plus de coopérativisme. En effet, les entreprises ou associations qu’ils ont visitées en France reposent sur un modèle hiérarchisé, où le travailleur ne participe pas aux décisions. Les catadores sont, eux, organisés en coopératives : les travailleurs sont tous des associés égaux, participant à la vie de leur organisation. 

Ils recommandent également ce type d’organisation aux biffins, avec qui ils ont échangé lors des rencontres. Selon les catadores, ils y gagneraient de la force économique et politique pour améliorer leurs conditions de vie et donner une structure juridique à leur organisation.

Luiz, catador, estime que « la graine du débat est plantée, et qu’en continuant à travailler ensemble, les fruits seront bons ».