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La Fondation France Libertés rencontre un leader des luttes indigènes et paysannes : Hugo BLANCO.

07.10.2010


    Le jeudi 30 septembre 2010, la Fondation France Libertés a eu le grand plaisir de recevoir Hugo Blanco, accompagné de Gilles Seignan, membre de la Commission Transnationale des Verts. Ce fut une occasion unique pour la Fondation de se réimprégner des luttes des communautés paysannes et indigènes en Amérique latine, ainsi que d’échanger sur des visions similaires de l’Humanité, la Nature et les dérives destructrices du système néolibéral.

    Hugo Blanco avait rencontré Danielle Mitterrand au Chiapas (Mexique) dans une réunion contre le néolibéralisme et pour l’Humanité. C’est sur cette base qu’ils ont pensé le Forum Social Mondial.

    Aujourd’hui, Hugo Blanco ne fait partie d’aucun parti politique et son action se centre sur la coordination de groupes et de luttes indigènes au sein d’un journal mensuel « Lucha Indìgena ». Il se tourne de plus vers la solidarité internationale qu’il juge primordiale. Selon lui, bien que la culture indigène et la culture occidentale relèvent de logiques parfois foncièrement différentes, il est indispensable de se connaître et se comprendre pour parvenir à une entente.

    Au commencement de son engagement, Hugo Blanco et les mouvements indigènes en général se concentraient principalement sur la lutte contre l’accaparement de leurs terres. Cependant, face aux attaques de plus en plus violentes que subissent la Nature et les populations sous le coup des activités extractives intensives des multinationales, la défense de l’Environnement, et de la « Terre-Mère » se retrouvent au cœur des luttes indigènes.

    En effet, de nombreux exemples peuvent malheureusement être cités, du Pérou natal d’Hugo Blanco à n’importe quel autre point de la planète : le vol de l’eau des cultures par les compagnies minières entraînant l’empoisonnement des rivières ; la pollution des mers et des fleuves par les industries pétrolières allant jusqu’à rendre la pêche vivrière mortelle ; la déforestation massive causée par l’industrie du bois ; ou encore la pratique de la monoculture, de l’élevage et de l’agriculture intensives extrêmement nocives pour la terre et donc la sécurité alimentaire.

    Le journal « Lucha Indigena » dirigé par Hugo Blanco entend relayer les luttes indigènes contre ces attaques brutales envers la Terre Mère, et offre une lecture en filigrane d’une démarche culturelle générale, animant les peuples autochtones du monde entier. Il ne s’agit pas ici d’ethnicisme, mais bel et bien de principes généraux qui ont guidé l’humanité depuis ses débuts.

    Ces valeurs communes sont les suivantes :

–    Le profond respect de la Terre Mère et de la Nature dont nous sommes les enfants. Nous devons ainsi vivre en harmonie avec le monde naturel.
–    La prise de décision collective pour et par la communauté selon un fonctionnement purement démocratique.
–    Le « Buen Vivir » (« Bien vivre ») qui souligne l’insignifiance voire la toxicité de l’accumulation de richesses matérielles ou pécuniaires. Le Bien Vivre consiste tout simplement en l’harmonie avec soi-même, les autres et son environnement.
–    L’amour des ancêtres et des descendants à venir.
–    Le respect de la diversité. Les indigènes d’Amazonie parlent en effet 50 langues différentes et vivent selon une multitude de traditions, mais n’en gardent pas moins un respect mutuel profond et une volonté d’union contre le capitalisme destructeur de leurs valeurs d’aujourd’hui, du passé et de demain.

    Hugo Blanco a souligné que l’Humanité se trouve à un point crucial de son Histoire. Dans sa jeunesse, il a lutté pour une société plus juste dans la perspective motivante qu’en cas d’échec de son combat, les générations futures en prendraient la relève. Il nous a avoué alors avec un sourire amer qu’il s’était trompé…

    Si nous continuons de vivre de la sorte contre notre propre environnement, et au vu de l’aggravation dramatique des conséquences du réchauffement planétaire, il n’y aura plus de « générations futures » d’ici trente ans. L’enjeu est bien ici la survie de l’Humanité.

    Selon lui, si l’Humanité veut se sauver, il faut retourner à cette éthique primitive. N’entendons pas par là le retour à une vie primitive ! Il s’agit plutôt de réapprendre ces messages originels et de se les réapproprier dans la vie moderne. Nous devons remettre les techniciens du monde moderne au service de l’unité et de la Nature et replacer le pouvoir de décision entre les mains de l’Humanité et non dans celles des multinationales et du secteur privé.

    Hugo Blanco rejoint ainsi la pensée de l’écosocialisme et insiste sur la nécessité de changer le système dans son ensemble.

    Ce riche entretien s’est achevé sur l’idée d’une Convention de partenariat entre la Fondation France Libertés et le journal Lucha Indigena, afin de soutenir ces publications porteuses d’un message dont nous partageons l’essence universelle et indispensable pour l’Humanité. Nous nous sommes également engagés à traduire et diffuser mensuellement des extraits du journal d’Hugo Blanco, afin de poursuive notre action de relais des luttes indigènes du monde entier.