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Kendal Nezan, Danielle Mitterrand et les Kurdes

02.02.2015


Si la France a une politique kurde depuis les années 1980, c’est en grande partie à cet homme discret qui y a dédié sa vie qu'elle le doit. Portrait.

Il se réjouit de la libération de Kobané, évidemment. Kurde originaire de Turquie, discret et secret, Kendal Nezan joue depuis quarante ans un rôle clé dans la définition de la politique kurde de la France. Pour cela, il a longtemps bénéficié du soutien et de la complicité de l’ancienne Première dame, Danielle Mitterrand.

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Danielle Mitterrand est entourée, à sa droite de Massoud Barzani, à sa gauche de Jalal Talabani. Kendal Nezan, à l'extrême gauche, raconte: «En octobre 2002, nous (Danielle Mitterrand et lui) franchîmes ensemble “illégalement” la frontière syro-irakienne, en fait celle séparant les territoires kurdes de Syrie et d’Irak, pour assister à l’ouverture du Parlement kurde réunifié et inaugurer la place François-Mitterrand à Erbil.» | Photo: François-Xavier Lovat

Tout a commencé en 1976, boulevard Saint-Germain à Paris: «François Mitterrand achetait ses journaux, je voulais lui parler de la situation des Kurdes, alors je l’ai accosté et nous avons pris un café ensemble ici», raconte Kendal Nezan alors que nous entrons au Village Ronsard, où il a toujours ses habitudes.

Ce jour-là, le futur président de la République française confie au jeune homme de 27 ans que l’écrivain kurde Yasar Kemal est l’un de ses auteurs favoris: «Lorsque j’ai eu accès à sa bibliothèque personnelle quelques années plus tard, j’ai vu qu’il disait vrai», confirme Kendal Nezan.   

A l’époque, c’est plutôt l’Iran et la lutte contre le Shah qui occupent le Parti socialiste. Envoyé par François Mitterrand, «Kendal est venu nous voir avec un groupe de Kurdes iraniens dont il assurait la traduction. Il avait les cheveux longs et bouclés, avec ce regard bleu et lumineux qu’on lui connaît toujours, se souvient Alain Chenal, conseiller auprès de celui qui était alors secrétaire du PS au tiers-monde, Lionel Jospin. Kendal parlait des Kurdes de façon claire, concrète et élaborée, sans utiliser ce vocabulaire “anti-impérialiste”, verbeux et langue de bois souvent d’usage au Proche-Orient».  

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