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« Gardons la tête froide et le cœur chaud »

15.11.2015

Le mal est fait ; le mal extrême que nous redoutions et qui s’est abattu sur nous comme une « pluie de fer, de feu, d’acier de sang…Rappelle toi Barbara, rappelle toi ce jour là, n’oublie pas* !». Quatre cent victimes touchées dans leur corps, dont certaines à mort, et nous tous, victimes indirectes, touchées au cœur dans ce que nous avons de plus précieux : notre identité républicaine.

Une fois encore quelques hommes ivres de certitudes messianiques viennent du fond des âges insulter l’humanité toute entière. Leur désir de domination est sans limite, il s’exprime de proche en proche, conquête après conquête il se veut global et irréversible…total ! Seule la démocratie, en dépit de toutes ses imperfections, peut s’opposer à ce totalitarisme.

La démocratie, c’est le refus d’un ordre imposé à tous par une minorité autoproclamée d’intérêt politique, religieuse, ethnique. Mais c’est aussi la reconnaissance de la diversité de l’espèce humaine et le combat permanent contre l’uniformisation des individus. Synthèse bien difficile à réaliser, mais indispensable, pour nous protéger simultanément de la menace du fascisme religieux des monstres de Dieu et de la résurrection d’un fascisme occidental réactionnel qui s’alimente de nos angoisses identitaires.

La meilleure façon de résister au quotidien à ces deux périls consiste à affirmer notre solidarité à l’égard des femmes et des hommes  menacés directement  par l’un et l’autre ; ceux qui, dans notre pays, courbent déjà le dos sous l’effet  conjugué des extrémismes religieux et politiques qui leur refusent le droit à l’égalité, à la liberté et à la fraternité ; ceux qui viennent d’ailleurs, poussés par une force majeurs irrépressible, se réfugier chez nous.

C’est ainsi que l’empathie-le souci de l’autre- peut s’imposer comme la meilleur alliée de la laïcité et de l’esprit de résistance. Danielle Mitterrand ne disait rien d’autre en écrivant :

Je comprenais que les murs les plus contraignants et les plus violents n’étaient pas les murs de béton, de pierre ou de fer qui vous opposent un obstacle physique, mais ceux qu’une quelconque dictature vous force à porter en vous-même : le mur de l’intolérance et de l’apartheid, celui de l’argent et celui du mépris… Pour lutter contre les murs qui séparent, qui enferment et qui isolent, il faut commencer par abattre les préjugés que nous portons en nous et ne jamais retenir l’élan qui nous pousse vers l’autre.

Gardons la tête froide et le cœur chaud.

Michel Joli

Secrétaire général de France Libertés, Fondation Danielle Mitterrand.

*Barbara ; Jacques Prévert