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France Libertés au Salon des Solidarités !

01.06.2012


Le Salon des Solidarités c'est trois jours pour s'informer sur la solidarité internationale et une opportunité de rencontrer des acteurs français et européens: 250 exposants, ONG et entreprises, issus des différents secteurs de la solidarité.

Au coeur du salon, un espace appelé Jardin des Innovations est destiné à accueillir des innovations et technologies appropriées permettant de lutter contre la pauvreté et pour le développement durable des pays en développement. Espace où Emmanuel Poilâne, directeur de France Libertés, a remis ce matin  un trophée à l'association Blueenergy France pour son innovation: les toilettes sèches solaires. 

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De nombreuses conférences sur diverses thématiques se tiendront durant les trois jours. Cette après-midi, ce fut la thématique Rio+ 20 qui était à l'honneur avec la conférence organisée par Coordination Sud « Du développement durable à la justice sociale: Rio + 20 sera-t-il l'amorce d'une transition sociale et éconologique " dans laquelle Emmanuel Poilâne est intervenu.

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Ci-dessous, l'intervention d'Emmanuel Poilâne lors de la conférence:

"La Solidarité est un engagement magnifique et qui vaut d’être mise en action. Mais quel est sa force aujourd’hui. La Solidarité doit elle devenir la force qui puisse nous permettre de réussir à faire basculer nos sociétés de la fuite en avant qui est la leur aujourd’hui vers une nouvelle ère d'équilibre avec nos écosystèmes. 

Ceux qui se disent pragmatiques nous donnent parfois l'impression de ne pouvoir sortir de cette fuite en avant et la question des gaz et huiles de schistes est pour nous emblématique de cette erreur de jugement. 

Le grenelle de l'environnement avait permis d'espérer que cette transformation soit possible et que nous puissions nous y inscrire rapidement. La crise économique et financière nous ayant rattrapée, qui ose encore aujourd'hui parler d'écologie en dehors des acteurs de la société civile ? 

Mais au-delà des mots, qui ose mettre en avant la charte de l'environnement qui est pourtant rattachée à notre Constitution? Ne devrait-elle pas permettre de faire évoluer nos modes de vie et de fonctionnement en société pour préserver les milieux naturels pour les générations futures ? Il n’en est rien et elle reste comme lettre morte d’une constitution prisonnière d’une folle économie financiarisée et avide de bénéfices non au sens des bienfaits originels mais bien de monnaie sonnante et trébuchante. Notre société n’est pas solidaire, elle est cupide !

Trois ans après la faillite de Lehman Brothers et la mise à jour de tous les excès des marchés financiers dérégulés, il est pour le moins curieux de voir les états s'engager avec un tel appétit sur les solutions basées sur des mécanismes de marché. 

Dans le cadre de la préparation de la conférence de RIO+20, France Libertés – engagée comme Organisation de la Société Civile dans le major groups de la conférence du développement soutenable des Nations Unies sur le processus de Rio+20 – s'oppose et a dénoncé l’atteinte frontale contre le droit d’accès à l’eau et à l’assainissement pour tous, approuvé en 2010 par l'Assemblée Générale des Nations Unies, et plus largement l'attaque systématique contre les droits humains.

L'argument avancé par les états qui sont opposés aux droits – Union Européenne, Canada, Etats Unis, Australie, Japon, Nouvelle Zélande – et par le "business  group" dans les "major groups", est que la conférence de Rio est une opportunité de faire avancer la dite "économie verte" et donc pas l'endroit pour parler de droit, mais d'investissement, de valorisation du capital naturel et des nouvelles opportunités pour le marché. 

Heureusement, grâce à l’action des défenseurs du droit à l’eau dont nous faisons partie, les Etats Unis, l'Union Européenne, Israël et l'Australie, qui avaient auparavant rallié le Canada, se sont abstenus lors de la Réunion Préparatoire d’avril de demander la suppression du chapitre 67 relatif au droit à l'eau. La Norvège a ensuite pris la parole pour demander le maintien du chapitre entier, en opposition au Canada. Le négociateur des G77 (regroupement de 132 pays du monde qui en comptait au départ 77 d'où son nom) a ensuite fait une défense appuyée du droit à l'eau en demandant même la division du paragraphe en deux parties pour valoriser la première relative au droit à l'eau. "Le droit à l'eau ne peut pas être mis sur le même terrain que des questions de management et d'investissement". 

Victoire donc, certes encore temporaire, pour ceux qui ont tant travaillé pour que le droit à l'eau soit enfin reconnu à l'ONU en 2010 et qui ne peuvent pas accepter un retour en arrière dans la déclaration de Rio. 

Tout cela est fragile et pour cause, pour bien comprendre ce qu'est la vision libérale de l'économie verte, il est utile de lire les propos d'un grand dirigeant de Citigroup, William Butler :

Je m'attends à voir dans un proche avenir une expansion massive de l'investissement dans le secteur de l'eau, y compris la production d'eau douce et potable provenant de sources diverses (dessalement, épuration), le stockage, l'expédition et le transport de l'eau. 

Je m'attends à voir des réseaux de pipelines qui dépassent la capacité de ceux du pétrole et du gaz aujourd'hui. Je vois des flottes de navires-citernes et des installations de stockage qui dépassent celles que nous avons actuellement pour le pétrole et le gaz naturel. Je vois des systèmes de canalisation pour le transport de nouveaux réseaux de l'eau, à l'instar de l'ambition et l'ampleur de celles qui sont actuellement en cours en Chine, reliant le fleuve Yang tse dans le sud au Fleuve Jaune dans le nord aride.

Je m'attends à voir un marché mondial intégré pour l'eau douce dans les 25 à 30 prochaines années. Une fois que les marchés de l'eau seront intégrés, les produits financiers et autres produits dérivés indexés sur l'eau vont suivre – swaps, assets, equity funds, tant négociés en bourse et sur les marchés à terme. Il y aura différentes qualités et types d'eau douce, juste la façon dont nous avons le pétrole "léger" et le brut"  aujourd'hui. L'eau comme une classe d'actifs sera, à mon avis,  finalement la plus importante  des marchandises, éclipsant le pétrole, le cuivre, les matières premières agricoles et les métaux précieux.

Cette vision semble pragmatique à beaucoup de nos dirigeants. Nous y sommes évidemment complètement opposés car il est urgent de rendre à l'eau son statut de bien commun et d'imaginer comment l'espace politique peut s'approprier cette évidence philosophique de l'eau pour tous. 

L'heure est à l'indépendance entre le politique et l'économique car les droits humains ne peuvent être bafoués de la sorte par quelques dirigeants de transnationales qui ne voient que les intérêts financiers à court terme de leur entreprise dans une vision d'avenir digne des pires scénarios de science-fiction.

Ne les laissons pas décider pour l'avenir de notre planète sans que les citoyens et les acteurs de la société civile y soient associés. Notre victoire pour le droit à l'eau est une étape qui doit permettre de trouver le courage d'influer plus fortement sur les choix qui seront fait dans les mois qui viennent.

C'est pour cela que nous avons rédigé une déclaration intitulée : "'L'eau n'est pas une marchandise c'est le bien commun de l'Humanité et du Vivant". Cette déclaration se veut l'expression de plus de 350 acteurs très divers de la société civile représentant plus de 170 réseaux et associations venus des quatre coins de la planète et réunis à Marseille en mars dernier pour poser, sur le papier,  un ensemble 7 principes et 17 propositions.

Cette déclaration construite et disponible en anglais, espagnol et français porte un message qui se veut universel, adapté non pas seulement à notre vision occidentale mais bien à celle des différents peuples de la terre et respectueux de chacun.

Agissons avant qu'il ne soit trop tard afin que ce soit les peuples et non les multinationales qui proposent les solutions d'avenir. "

France Libertés tient un stand tout au long du Salon des Solidarités en présence de nombreux autres organismes de la solidarité internationale. C'est l’occasion de vous informer, discuter et échanger sur les actions que nous menons et aussi de rencontrer l’équipe de France Libertés !