EQUATEUR: Projet Tayak – Frontière de Vie – Communauté Sarayaku
17.08.2009
Volet Sasi Wasi: Construction du Centre de soins et de pratiques médicinales Kichwa
Contexte :
LLe peuple Kichwa de Sarayaku mène un combat depuis plus de 20 ans contre la destruction de son territoire et de sa culture par les compagnies pétrolières. Sa résistance est devenue emblématique pour tout l’Equateur.
Afin de préserver leur mode de vie, la communauté de Sarayaku a élaboré le « Plan Tayak ». Celui-ci s’étendra sur une ou deux décennies, et a pour vocation de maintenir le peuple Kichwa sur son territoire actuel tout en préservant sa biodiversité ainsi que leurs connaissances et traditions qui y sont associés.
Depuis 2006, France Libertés soutient le volet « Sasi Wasi » qui consiste en la création d’un centre médicinal traditionnel construit selon les lois de l’architecture Kichwa.
Ce projet promeut la médecine indigène par le traitement des maladies grâce aux plantes et procédés traditionnels et renforce la transmission de ces savoirs grâce à des programmes de formation et d’échanges entre tradi-praticiens.
Les trois autres volets du plan comprennent la délimitation du territoire par un Chemin de Fleurs (Sisa Nampi), la création d’un jardin botanique (Sacha Runa) et la construction d’écoles pour la transmission des savoirs indigènes (Tayak Wasi).
Partenaires :
La communauté Kichwa de Sarayaku, qui a créé l’organisation indigène autonome « ATAYAK » (Asociación de Yachaks de Sarayaku, dont le Président est José Gualinga), est le principal partenaire de la Fondation sur ce projet, avec l’association « Paroles de Natures », qui porte sa voix en France.
Synthèse :
Le projet Frontière de Vie ( Sisa nampi, Chemin de fleurs) a été lancé en 2006 avec la vocation de constituer une preuve vivante qu’un autre développement, basé sur la vie en harmonie ou le « Bien Vivre », est possible et bénéfique. Il s’agit de délimiter le territoire ancestral Sarayaku par une canopée fleurie visible du ciel et d’y développer plusieurs dimensions de la culture et des savoirs traditionnels Kichwa sur la biodiversité.
Les grands objectifs du volet Sasi Wasi sont aujourd’hui atteints. Le centre rituel de traitement existe, et la communauté a désormais la possibilité de transmettre aux plus jeunes ses savoirs traditionnels qui sont au cœur de leur identité.
La première phase de construction de la structure a déjà été menée. En 2008 et 2010, France Libertés a renouvelé son soutien à la communauté de Sarayaku pour aménager ce centre, l’équiper, et créer le jardin de plantes médicinales. L’inauguration a eu lieu en septembre 2010, et l’élaboration d’un répertoire des plantes médicinales du jardin botanique est actuellement en cours. Ce centre est aujourd’hui opérationnel : il permet de réaliser des actes de médecine d’urgence, d’organiser des formations sur les plantes du jardin botanique et les savoirs traditionnels associés, ainsi que d’accueillir des rituels regroupant anciens et jeunes de la communauté.
Le plan Tayak n’est toutefois pas terminé, et il reste encore beaucoup à faire pour garantir les droits des Saraykus sur leur territoire.
Evaluation & perspectives :
Lors de la dernière visite de José Gualinga en France, nous avons échangé avec lui sur la question des nouveaux indicateurs de richesse basés sur les principes du « Bien Vivre ».
Il nous est apparu que ce projet est véritablement conforme et porteur de cette réflexion sur les « véritables richesses » : le projet global « Frontière de Vie » porte également en lui l’objectif de sensibiliser l’opinion publique mondiale à la nécessité de retrouver le chemin du « Bien Vivre » pour tous.
Cet échange a donc ouvert de nouvelles perspectives de partenariat pour la traduction formalisée des messages universels du peuple Sarayaku dans nos sociétés occidentales.
D’autre part, le peuple Kichwa de Sarayaku attend pour 2012 une décision de justice de la Cour interaméricaine des droits de l’Homme qui devra se prononcer sur leur cas. Voilà dix ans que ce peuple mène une bataille juridique contre l’Etat d’Equateur, pour violation de leur droit au consentement préalable, libre et éclairé, dans le processus d’octroi de concessions pétrolières à des compagnies étrangères.
France Libertés espère que cette décision de justice permettra au peuple Kichwa de Sarayaku de sensibiliser d’autres peuples et Etats sur la nécessité de protéger les droits des peuples sur leur territoire et leurs ressources.