En direct de la Feria del Agua, Cochabamba, (Bolivie) / par Pauline Lavaud

Hier avait lieu l’ouverture officielle de la Feria. Une grande marche à travers la ville a réuni environ 7000 personnes, en grande partie des habitants de la zone sud de Cochabamba, ceux-là même qui n’ont toujours pas accès .au réseau municipal de distribution d’eau potable, dix ans après s’être battus pour exiger le départ de la multinationale Bechtel. Après environ 2h30 de marche sous un soleil de plomb, la Feria a été symboliquement ouverte par un enfant de 10 ans, né pendant les jours agités d’avril 2000.

Il a rappelé à tous l’importante de ce soulèvement pour les habitants de Cochabamba et de Bolivie « cela fait dix ans que nous sommes sortis de nos maisons, pour récupérer notre droit à décider, notre droit à la parole », et plus largement la portée qu’a eu cet événement, bien au-delà des frontières. Oscar Olivera le leader syndical à la tête de la « Coordination pour l’Eau et la vie » qui s’est formée en avril 2000 a salué la présence de plus de 50 militants internationaux (représentants d’associations et ONG, syndicalistes, activistes du mouvement de l’eau…) venus exprimer leur solidarité avec les habitants de Cochabamba et rappeler l’impact de la guerre de l’eau sur leurs propres luttes, de Colombie à l’Equateur, en passant par les Philippines, l’Inde et même l’Italie.

La séance d’inauguration s’est poursuivie par le témoignage de quatre représentants internationaux. Tous ont fait le rapprochement entre le soulèvement de Cochabamba contre la privatisation de l’eau et le mouvement plus large récupération des biens communs et de rejet de la globalisation néolibérale. En somme, la privatisation de l’eau, élément vital et au cœur de la culture andine a déclanché une prise de conscience ici et ailleurs : privatiser l’eau, c’est abolir tout garde-fou à la logique d’appropriation des biens communs par et pour des intérêts économiques… 10 ans ont passé et l’esprit de Cochabamba s’est diffusé et incarné dans de nombreuses luttes.

Il est également toujours présent ici, mais le constat est néanmoins amer pour les habitants de la zone sud : ils ne sont toujours pas connectés au réseau de la SEMAPA (l’entreprise municipale), et ne croient plus aux promesses qui leur sont faites. Le combat pour les idées est peut-être remporté, mais on attend toujours des solutions concrètes pour le quotidien de ces milliers de personnes.

Aujourd’hui, les travaux à proprement parler commencent. Cinq tables rondes thématiques sont prévues :

– Sources d’eau, changement climatique et pollution
– Stratégies de collaboration publique-communautaire
– Constitutions et cadres légaux face aux différentes formes de privatisation de l’eau
– Gestion communautaire vs gestion publique
– Normes hydriques et autonomie.

A suivre…