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Edito Newsletter Juin 2012

04.06.2012

 

 

Vigilance sur les droits !

 

Repenser le monde, c’est d’abord réaffirmer la primauté des droits humains. Rassemblées à Marseille, en mars dernier, pour défendre le droit humain à l’eau et à l’assainissement, les organisations de la société civile et France Libertés se retrouvent à Rio pour continuer à porter ce message.

Les temps sont rudes pour les peuples. Nous ne luttons pas pour améliorer nos droits, nous luttons pour qu’on ne nous les supprime pas !

Etats, acteurs de la société civile, entreprises et citoyens réunis, en mars dernier, au Forum mondial de l’eau ou au Forum alternatif mondial de l’eau (1),  ont tous applaudi la reconnaissance du « droit humain à l’eau et à l’assainissement » par l’Assemblée Générale de l’ONU, le 28 juillet 2010. Tous les discours voyaient dans cette résolution une avancée pour les droits humains, un pas de plus pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement. Or, l’Histoire a trop souvent montré qu’aucun droit n’est jamais complètement acquis.

En effet, quelques jours plus tard, alors que les Nations étaient réunies à New York pour échanger et négocier le texte préparatoire du Sommet de la Terre de Rio+20, certains Etats – Union européenne, Canada, Etats-Unis, Australie, Japon et Nouvelle Zélande – ont usé de leur influence pour tenter de supprimer du projet de texte toute référence aux droits humains, que ce soit le droit à l'eau et à l’assainissement, le droit à la souveraineté alimentaire, les droits des femmes et des peuples autochtones, etc. Selon ces Etats et certaines entreprises (2), le Sommet de la Terre de Rio+20 est une opportunité pour faire avancer « l’économie verte », elle n’est pas le lieu pour parler des droits humains. L’investissement, la valorisation du capital naturel et les nouvelles opportunités pour l’économie de marché vont être au cœur des négociations.

De Marseille à Rio

Pour dénoncer cette offensive contre les droits humains au profit de la finance et du marché, les acteurs de la société civile internationale se mobilisent. Réunis fin avril pour la dernière semaine de négociations avant Rio, les Etats n’ont pu faire la sourde oreille à la mobilisation massive de certains pays (notamment du G77), des ONG, des syndicats et des citoyens. Ils ont dû faire marche arrière et laisser sa place au droit à l’eau et à l’assainissement. La victoire n’est pourtant pas acquise. La mobilisation ne doit pas faiblir si nous souhaitons que Rio+20 ne soit pas le Sommet des marchands de nature.

Vingt ans après la Déclaration de Rio, nos ambitions pour les droits humains sont intactes, notre désir de changement plus fort que jamais. Malheureusement, nous ne luttons pas pour améliorer nos droits, nous luttons pour qu’on ne nous les supprime pas ! Le monde doit changer de paradigme mais les nations n’y sont pas prêtes, engluées dans leurs réalités économiques. La société civile doit renforcer son rôle pour qu’émerge enfin une assemblée générale des peuples et des citoyens prêts à regarder l’avenir sous un jour plus responsable.

Pour faire de cette ambition une réalité, France Libertés organise à Rio+20 plusieurs évènements lors du Sommet des peuples, autour du Droit à l’eau et de la lutte contre la Biopiraterie. Notre statut consultatif auprès des Nations Unies nous permet d’intervenir au sein même du Sommet des Nations. Afin que nous soyons entendus, nous allons mobiliser lors du Sommet des Peuples, le Pavillon Bleu, où l’ensemble des acteurs de la défense du Droit à l’eau pour tous pourront se retrouver et unir leurs forces.

Comme nous ne pouvons pas tous être présents à Rio, nous co-organisons aussi des manifestations en France les 5, 9 et  20 juin pour faire entendre la voix de la société civile française, en espérant qu’enfin les Nations entendent la parole et les ambitions de leurs peuples, partout dans le monde, et que la France soit un moteur de ce changement de monde.

Emmanuel Poilâne – directeur de France Libertés – Fondation Danielle Mitterrand

(1) Lire la Déclaration finale d’Eau, Planète et Peuples : L’eau n’est pas une marchandise, c’est le bien commun de l’Humanité et du Vivant sur le site de France Libertés.
(2) Les entreprises se sont constituées en business group, reconnu par les Nations unies, qui défend leur vision et leurs propositions pour le développement durable.