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Edito Newsletter Avril 2012

23.03.2012


France Libertés et ses partenaires ont travaillé dur, les 9 et 10 mars dernier, pour construire une déclaration de la société civile en faveur de l’eau, bien commun. Ce travail, effectué en trois langues, avec des acteurs de la société civile provenant de tous les continents  et représentant plus de 170 réseaux et associations, se voulait constructif afin de donner un signal fort à la fois au Forum Alternatif Mondial de l’Eau mais aussi au Forum Mondial de l’Eau dit Officiel.

Lisez cette déclaration et, si elle vous évoque une vision nouvelle de l’Humanité telle que nous aimerions qu’elle soit, signez-la et partagez-la autour de vous.

C’est d’autant plus important que le dernier Forum Mondial de l’Eau a foulé, au pied, l’honneur de notre pays en invitant des personnalités internationales et en les abandonnant purement et simplement durant la cession d’ouverture du Forum. Que dirait Nicolas Sarkozy si, invité au Niger par le Président Nigérien, il était accueilli par son premier ministre, que ce dernier fasse son discours devant une salle comble et qu’il quitte ensuite cette salle emmenant avec lui la quasi-totalité du public sans attendre que notre Président ne puisse faire son discours ? Je suis certain qu’il parlerait d’affront diplomatique majeur.

C’est exactement ce que nous avons fait subir au Président du Niger en ouverture du Forum Mondial de l’Eau. Je vous invite à lire l’article écrit sur ce sujet pour en savoir plus

Evidemment, un Forum qui démarre sur cet affront aux pays africains mais aussi à la Corée, à
Monaco et à l’ONG Green Cross de Mickael Gorbatchev, ne se trouve pas sur les bons rails et la triste journée de la déclaration ministérielle l’a démontrée dès le lendemain.

La colère de la Bolivie était à la hauteur du recul de la déclaration au regard de la résolution des Nations Unies faisant de l’accès à l’eau et à l’assainissement pour tous, un droit humain fondamental. Le Conseil Mondial de l’Eau ne représente décidément que lui-même et en a fait la preuve. La France, embarquée dans cette histoire, n’en sort pas grandie.

L’urgence est donc à la mobilisation et le Forum Alternatif Mondial de l’Eau a montré que cette mobilisation était possible avec près de 5 000 participants sur trois jours. Mais, au-delà du moment, il nous faut réussir à convaincre les nations que la résolution des Nations Unies pour l’eau pour tous ne suffit pas. Il nous faut maintenant inscrire l’eau pour tous dans nos Constitutions pour l’appliquer chez nous, en commençant par la France qui se gargarise de son modèle, et aider réellement les pays qui en ont le plus besoin à atteindre les objectifs d’accès à l’eau et à l’assainissement pour tous. Il nous faut aussi créer un cadre international susceptible d’organiser les moyens pour atteindre ces objectifs et pour les concrétiser, tenir un sommet pour l’eau, bien commun, dans les meilleurs délais.

Une date est propice à cette réflexion : le Sommet de  Rio+20 en juin prochain. Malheureusement, les nations prises dans la crise économique et financière voient ce Sommet comme une opportunité pour se lancer sur les rails de l’économie verte comme remède à un modèle capitaliste qui nous entraîne vers l’effondrement de nos sociétés.

Nous prônons, au contraire, l’émergence d’un nouvel espace politique dédié aux biens communs. Nous savons que, si nous apportons l’eau dans un village, 1 euro investi apportera de 5 à 9 euros d’économie nouvelle à ce village. Et c’est de cette économie que nous voulons. Une économie réelle appuyée par la politique pour les biens communs.

Les nations oublient de nous rappeler qu’aujourd’hui l’économie réelle ne représente que 3% de l’économie globale. La financiarisation de la nature est l’étape ultime d’un système qui nous étouffe.
Libérons-nous de cette réalité du moment pour retrouver les fondements de ce qui nous permet de vivre en société.

L’eau est le bien commun le plus simple à partager. Tout le monde comprend que l’eau est la vie. En portant notre déclaration à Rio, nous espérons que ce message simple soit entendu et que 20 ans après le premier Sommet de Rio, les nations remettent l’eau en priorité dans l’agenda international, non pas pour faire du business avec l’économie verte, mais bien pour construire l’Humanité qui nous fait tant défaut en cette période de guerre économique internationale.

Soutenez la déclaration pour l’eau, bien commun, et faites-le savoir !

Emmanuel POILANE
Directeur de France Libertés