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Droits de l’Homme : 60 ans, face aux nouveaux défis planétaires

11.07.2012

Tout d'abord il est utile de rappeler que malheureusement il a fallu attendre Auschwitz et Hiroshima et Nagasaki pour que nos gouvernements se mettent d'accord sur un document commun visant à promouvoir la paix et le respect des droits essentiels. Et pourtant nous savons qu'après la crise de 1929 nombreux étaient les signes d'une montée de l'autoritarisme, des logiques de violence et de guerre. Aujourd'hui, à l'aube de ce nouveau siècle, la conjonction de la crise écologique et de la crise financière – conséquences de la démesure du capitalisme financier et des excès de la « société de consommation » – représente de gros risques de régression, de conflits et même de guerre. Nous vivons un moment critique de l'histoire où l'humanité est confrontée à quelques rendez-vous cruciaux où se joue son avenir: • Celui des conditions de vie et de subsistance liées à la modification en profondeur des modes de production de l'agriculture et à la spéculation sur les matières premières qui engendrent déjà des "émeutes de la faim" et des "guerres de l'eau". Aujourd'hui la crise de notre propre habitat écologique est visible à travers la crise alimentaire, le manque d'eau potable, la désertification et le réchauffement climatique avec toutes ses conséquences ; • Celui du risque d'une crise systémique provoquée ou du moins aggravée par la crise financière d'une économie casino vouée à l'alternance de cycles d'exubérance et de dépression irrationnelle des marchés financiers ; • Celui du cocktail explosif que constituent le couple de la misère et de l'humiliation d'une part, et du terrorisme et des armes de destruction massive de l'autre ; • Celui de l'alternative entre guerre ou dialogue de civilisations. Face aux risques de sortie de route, la DUDH reste donc plus que jamais nécessaire et d'actualité pour la défense des principes démocratiques et des droits élémentaires. Mais il est vrai aussi que depuis 1948 le monde a changé et que nous disposons de très peu de normes pour les grands enjeux du XXIème siècle, comme ceux liés à l'énergie et à la terre. Nous ne disposons de pratiquement aucune réglementation internationale sur la gestion de l'eau potable, par exemple, pour laquelle il n'existe aucune agence ni tribunal international pour arbitrer de façon indépendante sur l'élément vital qui devrait être considéré comme un droit de tous. Face à la crise alimentaire et à la persistance de la faim dans le monde, les états se disent incapables de tenir leurs engagements pour les objectifs du millénaires, alors que ces mêmes états ont bien su trouver plus de deux mille milliards pour venir au secours de banques en faillite. Dans ce contexte « global » de crise sociale, crise écologique, récession économique et crise de légitimité de la démocratie représentative – beaucoup voient aussi une opportunité pour réfléchir et pour regarder plus largement la définition des droits de l'homme. En français déjà, il serait bon d'utiliser le terme « droits humains », ou lieu de « droits de l'homme », par simple respect pour les femmes. Ensuite, la question écologique: à quoi bon vivre en « démocratie », respecter des « droits humains », si on épuise la terre, si on continue à polluer l'air, les fleuves, rivières et océans, à épuiser les sols et les nappes phréatiques, à compromettre la biodiversité, la faune et la flore ? Dans quelle cohérence nous aurons à défendre des droits si il n'y plus d'eau a boire ? Il est urgent de mettre en œuvre, concrètement, le droit à l'eau pour tous, le droit à une terre saine et libre de produits toxiques, le droit à un environnement sain pour s'épanouir, le droit au respect de la biodiversité et à la diversité des peuples pour se développer. Concrètement, les citoyens doivent être mobilisés pour participer à l'évolution de la déclaration universelle des droits humains, en construisant plus amplement une citoyenneté écologique, humaniste et solidaire qui permettra à chacun de s'affirmer sujet de sa propre histoire, tout en respectant son habitat et son environnement. Nous devons réorienter en profondeur nos modes de vie, de production, d'échange et de consommation, afin de cesser de mettre en danger les écosystèmes qui nous font vivre.