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Des mouvements de résistance indigène brésiliens gagnent un Prix des Nations Unies sur l’environnement

06.10.2015


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Lundi 28 septembre, Ipereg Ayu, le mouvement de résistance autochtone Munduruku, a reçu le prix Equateur du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement). La remise de ce prix reconnait l’effort des Munduruku et leur combativité pour préserver la rivière Tapajos et la forêt amazonienne.

Le prix Equateur a pour objectif de mettre en lumière les efforts d’une communauté pour réduire la pauvreté, protéger la nature et renforcer la résilience face au changement climatique. En plus d’apporter un soutien financier à Ipereg Ayu, le prix permet à deux leaders munduruku de venir à la COP21 à Paris afin de présenter le rôle clé des populations autochtones dans la défense du climat. 21 organisations ont gagné parmi 1 461 nominés de 126 pays.

 « Nous aimerions remercier ceux qui ont remis ce prix à notre mouvement » a déclaré le chef munduruku Juarez Saw. « Nos leaders sont reconnaissants de cette attention portée à notre lutte ».

 Durant la remise des prix, l’acteur et activiste Alec Baldwin a insisté sur la lutte des Munduruku pour bloquer la construction du complexe Tapajos, cette série de barrages qui submergera leurs terres et entrainera la déforestation d’un million d’hectares de forêt primaire. « En regardant la liste, j’ai été particulièrement inspirée par le mouvement munduruku Ipereg Ayu au Brésil » a déclaré Baldwin. « Ce groupe autochtone de 13 000 personnes qui vit dans l’Amazonie brésilienne a lancé un mouvement qui s’appelle Ipereg Ayu et qui veut dire, dans la langue locale ‘Je suis fort et je sais comment me protéger’ ».

Selon l’expert du PNUD sur les questions autochtones, Hans Brattskar, les peuples traditionnels sont les plus affectés par le changement climatique. « Le monde doit connaitre leur histoire » a déclaré Brattskar. « Ces peuples font partie de la solution, il est donc essentiel de garantir leurs droits. Si leurs droits ne sont pas consolidés, les forêts vont être en danger. Travailler directement avec les peuples autochtones est le moyen le plus effectif de protéger les forêts ».

 « L’annonce de cette semaine a apporté une visibilité internationale qui est cruciale pour la lutte des Munduruku. Il a aussi sensibilisé sur les projets du gouvernement de Dilma Rousseff » a déclaré Christian Poirier d’Amazon Watch. « Il garantit aussi que les voix de leaders indigènes d’Amazonie soit entendues à Paris, pour contredire le mythe selon lequel les grands barrages seraient une énergie verte qui pourrait être une solution au changement climatique ».

Le mouvement Ipereg Ayu organise un mouvement de résistance contre les projets de Dilma Rousseff sur le Tapajos. En s’opposant directement au gouvernement qui refuse de démarquer la terre Sawré Muybu, les Munduruku ont entamé un processus d’autodémarcation pour protéger leur territoire.

Ce mouvement a aussi pris l’initiative de présenter un protocole sur le droit au consentement libre, préalable et informé à des représentants fédéraux à Brasilia, demandant que le gouvernement adhère à ses obligations légales, d’après la Constitution brésilienne et la Convention 169 de l’OIT. Ils demandent à être consultés sur les projets de barrages les concernant.

Pour en savoir plus sur les actions de soutien de France Libertés au peuple Munduruku : https://fondationdaniellemitterrand.org/wp-content/uploads/save/pdf/resume_-_side_event-_bresil_barrages_et_droits_des_peuples_autochtones.pdf