De Charlie à Syriza en passant par Discount, une année 2015 qui nous interpelle !

Et si l’année 2015 marquait un tournant dans les sociétés occidentales ?

Avec les attentats de Charlie Hebdo et les évènements qui ont suivis, l’année 2015 semblait vouloir  nous blesser au plus profond de notre histoire commune. L’horreur de cette violence nue nous a tous touché émotionnellement, physiquement, moralement et il nous fallait rebondir ensemble pour ne pas nous effondrer un à un.

Lors de la manifestation du 11 janvier, nous nous sommes réconciliés avec nous-même et, loin de la peur, c’est l’harmonie et la volonté du vivre ensemble qui battaient comme un cœur à l’unisson dans les rues de France. Une forme d’égrégore que l’on cherche et qui ne se produit que trop rarement. Nous pouvons dire que nous avons connu ce moment parfait où l’humanité prend corps dans toute sa diversité.

Pour autant, la violence nous assaille dans notre quotidien, violence des bruits, violence des postures, violence des silences, violence des solitudes, violence d’une économie hégémonique qui oublie l’humain et est prête à le laisser sur le bord du chemin. Ce mois de janvier aura aussi été le mois de Discount. Ce film qui nous éclabousse d’humanité dans une société de consommation devenue stupide et égoïste, qui ne demande qu’à redécouvrir plus de solidarité. Le réalisateur et les acteurs ont su faire vivre des personnages dans lesquels nous pouvons nous identifier. Le sujet du discount résonne fortement avec notre combat contre les coupures d’eau illégales. Là aussi la violence est partout et j’espère que mon appel pour une véritable réconciliation des distributeurs et des usagers du service public de l’eau sera entendu afin que nous puissions déconstruire cette violence dans tous les espaces où nous le pouvons.

Mais le signal le plus positif nous vient probablement de l’élection législative en Grèce qui porte au pouvoir Syriza et avec ce parti des idées non plus de gauche ni de droite mais bien de celles qui permettent au peuple d’envisager de construire une société  dédouanée de l’usure des banksters. La victoire d’un homme de 40 ans qui a su rassembler le peuple et qui nous redonne envie de faire de la Politique. 

Comme pour les manifestations du 11 janvier en France, enfin les peuples semblent pouvoir parler haut et fort sans violence en s’appuyant sur le meilleur de nos démocraties. Nous allons pouvoir travailler pour faire émerger cette Europe des peuples qui permettrait un meilleur partage des richesses et une réduction des inégalités. Les politiques vont devoir se reposer la question de la place de la finance dans nos sociétés et, au lieu d’être à l’écoute des marchés financiers, ils devront être à l’écoute des peuples pour nous engager sur la voie d’une autre économie, qui met l’emploi en pôle position et non pas une croissance virtuelle qui ne sert qu’à enrichir les banques.

Un élan semble nous emporter en cette fin de mois de janvier. Nous avons le devoir de surfer sur cette vague tout au long de l’année 2015 pour contribuer à imaginer le monde de demain sans peur de perdre mais avec l’assurance d’être. 

Faisons bouger les lignes à tous les endroits et alors le sommet sur le changement climatique à Paris en décembre prochain pourrait bien être l’apogée d’une grande année.

 

 L'édito d'Emmanuel Poilane,
Directeur de France Libertés