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Danielle Mitterrand à Barcelone les 25 et 26 mai afin de plaider pour une gestion publique de l’eau.

10.06.2010

Invitée par le Département d’économie de l’Université de Barcelone, l’Agence Catalane de l’eau et la Fondation pour une Nouvelle Culture de l’eau, Danielle Mitterrand s’est rendue à Barcelone les 25 et 26 mai 2010. 

Au cours de son séjour, elle a donné deux conférences, l’une au Musée Maritime dans le cadre de l’exposition Eau, Rivières et Peuples, et l’autre à l’Université de Barcelone.

Plusieurs rencontres ont été organisées, dont notamment une réunion avec le président de la communauté autonome de Catalogne et le président du Parlement catalan. Ces rendez-vous ont permis de mettre l’accent sur le besoin d’engager un débat avec les citoyens au sujet des enjeux de l’eau en Catalogne.


©Joëlle Dollé

Considérée comme une « autorité morale » sur les questions liées à l’eau, Danielle Mitterrand s’est également entretenue avec les acteurs locaux, qui ont profité de cette occasion pour discuter des enjeux politiques et économiques pesant sur la répartition équitable et la sauvegarde de l’eau.

Cette visite intervient dans un contexte complexe pour la défense du droit d’accès à l’eau pour tous. En effet, l’entreprise privée qui gère la distribution de l’eau à Barcelone, AGBAR Agua, entend s’approprier l’ensemble du cycle de captation et de distribution de l’eau, par l’intermédiaire de l’achat de l’Agence Catalane de l’eau (qui s’occupe des eaux en amont de la distribution en ville).

Or aujourd’hui, après plus d’un siècle de gestion de l’eau de la ville, les autorités barcelonaises ont l'intention de reprendre la concession d’AGBAR, récemment achetée par Suez-environnement. La réponse des industriels de l’eau manque pour le moins de transparence : le contrat de délégation signé il y a 100 ans est introuvable mais ils assurent qu’il dure jusqu’à 2053. Par ailleurs, fait inédit, les canalisations permettant le transport de l’eau vers les foyers appartiennent à AGBAR et ils entendent donc les vendre à la ville à un prix démesuré, en dehors de toute réalité.

Malgré ces pressions, les autorités publiques de l’eau ainsi que la société civile se mobilisent pour éviter un contrôle total de la part de la multinationale française de l’eau. C’est dans ce cadre que Danielle Mitterrand a pu développer ses deux conférences intitulées : « La gestion publique et le droit fondamental d’accès à l’eau pour tous » qui a eu lieu au musée Maritime ; et « Gouvernance, droit humain et pressions de la marchandisation de l’eau » à la faculté de sciences économiques de l’Université de Barcelone.

Lors de sa première conférence, Madame Mitterrand a plaidé pour que « cette richesse du vivant soit traitée à sa juste valeur » en ajoutant qu’ « il faut penser à la gouvernance mondiale et démocratique de l’eau car nous sommes tous dépendants et responsables de ce bien commun de l’humanité ».

Pendant la deuxième conférence, elle a mis l’accent sur « l’organisation à Marseille en mars 2012 du Forum Mondial de l’Eau, occasion rêvée pour les multinationales de glorifier leur modèle commercial de l’eau pour tous… enfin devrais-je dire de tous ceux qui peuvent la payer ».

Finalement, son plaidoyer a trouvé bon écho chez les autorités politiques de la ville. Ceci a été très bien retranscrit par La Vanguadia, journal de centre-droit qui ne manque pas de souligner que « (Mme. Mitterrand)  censure avec ardeur la privatisation de l’eau dans le monde » et que « ses arguments sont destinés à corriger la gauche… pour une remunicipalisation des services privatisés de l’eau à l’image de la Mairie de Paris ». L’article n’oublie pas de préciser que « les multinationales françaises ne vont pas résoudre le problème de l’eau en Afrique » et qu’ «il n’y a pas de volonté politique pour freiner les processus de privatisation générateurs de plusieurs conflits autour du globe » malgré le fait que « les vraies richesses soient ailleurs » comme par exemple dans l’eau.