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Le cycle de l’eau pour lutter contre la sécheresse

17.07.2017

C’est dans un climat de sécheresse sans précèdent pour nombre de départements français, à l’image des Côtes-d’Armor ou de la Normandie, que se profile la journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse le 17 juin.

Chaque été en France, cette question refait surface. Arrivé mi-juin, le niveau de la Seine baisse dangereusement, des mesures de restrictions d’eau sont adoptées aux quatre coins du pays, les agriculteurs commencent à déplorer les risques auxquels ils seront exposés dans les mois à venir et les centrales nucléaires surveillent anxieusement le niveau de leurs rivières de refroidissement…

Carte chaine meteo sécheresse

 

La sécheresse, une insuffisance de pluie, participe à la désertification de certaines zones comme c’est le cas notamment du pourtour méditerranéen. Plus largement et selon l’ONU, deux milliards de personnes sont victimes des effets de la désertification dans le monde. Contrairement aux idées reçues, la désertification ne se limite pas aux terres arides mais touche près de la moitié de la planète.

Ce phénomène de dégradation des sols peut avoir pour cause des facteurs naturels et/ou anthropologiques. De grandes variations climatiques peuvent être à l’origine de la désertification mais l’activité humaine joue un rôle conséquent dans la perturbation du cycle de l’eau, exacerbant le changement climatique. Lors du Sommet de Rio sur l’environnement et le développement en 1992, évènement clef de la lutte contre le changement climatique, trois conventions furent élaborées : la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULD), la Convention sur la diversité biologique et la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.

Dans le circuit fermé d’un cycle local, l’eau qui s’évapore depuis un territoire retombe sous forme de pluie, s’infiltre dans le sol, contribue à la croissance des végétaux puis s’évapore à nouveau. En temps normal, deux tiers des précipitations sur les sols proviennent du cycle local de l’eau. Or, quand celui-ci est perturbé, la désertification s’intensifie et la raréfaction de l’eau déséquilibre les écosystèmes. Les sols s’appauvrissent, l’environnement local se dégrade et les conditions de vie des populations également. Bien que l’importance de la lutte contre la désertification soit reconnue par les États, les activités humaines continuent de dégrader les sols. La surexploitation des terres (agriculture intensive, déforestation, industrialisation, détournement de masses d’eau, surpâturage…) empêche le sol de se régénérer et favorise son érosion. Cette dernière rend les sols moins perméables et les nappes phréatiques se régénèrent peu. La terre devient trop pauvre en nutriment pour que les végétaux s’y développent. Les mécanismes d’évapotranspiration et d’évaporation deviennent limités à leur tour.

Les conséquences de la désertification s’évaluent de l’échelle locale à l’échelle globale et concernent aussi bien le climat que l’économie et les migrations. Dans bon nombre de pays, les difficultés d’accès aux ressources en eau mènent à des déplacements de populations voire des conflits fonciers. L’appauvrissement des sols lié au manque d’eau limite les productions agricoles, le cercle vicieux de la pauvreté s’installe et augmente le risque de malnutrition. En France, nous stagnons dans un état d’urgence face à la sécheresse et nous nous limitons à des restrictions d’usage de l’eau pour tenter d’amortir les dégâts. La préfecture des Côtes-d’Armor a ainsi récemment pris un arrêté visant à économiser l’eau potable.

Malgré son rôle clef dans le changement climatique, le lien entre climat et cycle de l’eau n’a jusqu’ici jamais été pris en compte dans les accords internationaux sur le climat. Ce lien essentiel explique pourtant une importante partie des dérèglements climatiques actuels dont la problématique de la désertification. La gestion des cycles de l’eau sur le long terme n’est pas encore le mot d’ordre. Pourtant des alternatives et solutions existent. L’ONU souligne d’ailleurs dans son rapport sur la désertification qu’il s’agit d’un phénomène évitable. De la même façon qu’il est perturbé, le cycle de l’eau peut être préservé voire restauré par les activités humaines.

ceinture verte Kenya
Green Belt Movement – Kenya

La plantation d’arbres permet ainsi de fixer le sol par les racines et de lui rendre sa perméabilité. Le paillage, couche de paille au sol, décélère l’évaporation de l’eau et facilite son infiltration. La limite des monocultures, l’utilisation de techniques d’irrigation comme le goutte-à-goutte sont d’autres manières de préserver le cycle de l’eau local.

Au Kenya, la biologiste Wangari Maathaï a lancé le mouvement de la ceinture verte (Green Belt Movement) pour encourager les femmes à planter des arbres et améliorer leur niveau de vie. Une muraille verte a également vu le jour en Mongolie pour faire face à l’avancée du désert de Gobi. Au Burkina Faso, des paysans construisent de petites cuvettes en demi-lunes qui permettent de concentrer les précipitations et réduire le ruissellement.

johad

Au Rajasthan, une technique agricole ancestrale, le johad, a été remise à jour. Il s’agit de creux dans le sol formant un plan d’eau artificiel et permettant à l’eau des moussons d’être stockée, puis de s’infiltrer et de recharger les nappes phréatiques, faisant ainsi au fil du temps recouler des rivières et réinvestir des espaces perdus pour les activités agricoles.

Si dans certains pays il est indispensable de garantir aux communautés locales des droits fonciers sur leurs terres afin qu’elles soient enclines à en assurer la conservation sur le long terme, en France, citoyens et élus doivent s’engager pour protéger nos cycles locaux de l’eau, de façon à renverser la dynamique du changement climatique qui frappe et continuera à frapper nos départements. Ainsi, nous limiterons à moyen terme le phénomène croissant de sécheresse.