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Croissance : sortir de la croyance urgemment, regarder la réalité en face maintenant et inventer l’avenir

28.01.2014

Pour les défenseurs des biens communs que nous sommes, l’année 2014 démarre dans un climat de régression. Depuis quelques années, il semblait émerger, des difficultés liées à la crise, la possibilité d’imaginer une économie sociale et solidaire qui prenne peu à peu le pas sur l’économie néo-libérale. Si nous n’avions pas gagné, nous avancions.

Tout semble aujourd’hui dans les mains de ceux qui sont prêts à tout monétariser, même la nature, pour faire plus d’argent.

Pourtant les initiatives sont nombreuses dans l’économie sociale et solidaire pour montrer et démontrer qu’une autre voie est possible. Cette nouvelle voie est déjà en action mais avec sobriété et discrétion. Le monde ne compte pas moins d’un million de révolutions tranquilles et il semble donc possible que notre Président s’empare de cette autre mondialisation pour que nous puissions construire ensemble un monde plus humaniste et plus respectueux de chacun. N’est ce pas François Hollande qui a créé le Ministère de l’Economie Social et Solidaire ?

Alors que les médias nous expliquent que les 85 personnes les plus riches du monde possèdent autant que les 3,5 milliards les plus pauvres et que le sommet de Davos s’inquiète de la montée des inégalités, il semble que seule la croyance porte les décisions qui nous mènent tout droit dans le gouffre pour le confort sans limite de quelques dizaines de personnes dans le monde.

Quand je dis croyance, je parle PIB, Croissance, financiarisation de l’économie, et à peine accessoirement banksters.

Aujourd’hui comme toutes les personnes un tant soit peu attentives à l’économie mondialisée, vous savez que la croissance ne reviendra pas à des niveaux suffisants pour créer de l’emploi en France. Vous savez que le PIB est une illusion dangereuse que la commission du Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz avait mise en exergue sous la présidence Sarkozy. Vous savez que l’économie réelle est devenue un alibi pour l’économie virtuelle qui fait de l’argent avec l’argent. Enfin, last but not least, vous savez que les banksters sont prêts à tout pour gagner plus d’argent même si le système doit s’effondrer après eux.

Pourtant, nous continuons à croire comme si c’était une religion à un système qui ne fonctionne plus et qui met en péril nos sociétés toutes entières.

Nous restons soumis au dogme de la croissance et nous développons notre schizophrénie en étant conscient de ces réalités et en continuant malgré tout à faire comme si de rien n’était au quotidien. Nos femmes et nos hommes politiques connaissent aussi très bien cette réalité du monde. Mais devant les électeurs comment expliquer ces changements qui nous attendent ? Comment imaginer rebattre les cartes pour changer la donne et redonner un élan à nos sociétés  dans un pays réticent au changement ? Manque-t-il autant  de courage pour accepter que nous sommes au bout d’un système ?

Bien sûr, il est plus simple de s’appuyer sur la peur et d’attendre en se disant que cela tiendra bien encore le temps de quelques mandats et qu’ils ne seront pas ceux qui étaient aux manettes quand le monde tel que nous le connaissons aura cessé d’exister.

Alors faisons quelques pas en arrière et visionnons cette vidéo où Milton Friedman explique l’article de Leonard Read «  moi le crayon  ». Ne trouvez-vous pas que l’économie est fascinante dans sa complexité quand elle créé de la valeur ajoutée et de la richesse et permet de mettre en relation les milliards d’humains entre eux ?

Ce système est perverti et les inégalités sont telles que la notion même d’échanges équilibrés n’a plus de sens aujourd’hui.

Il nous faut donc urgemment mettre en œuvre des règles de fonctionnement qui puissent permettre de réduire les inégalités. Le fait que le sommet de Davos s’inquiète du niveau d’inégalité est un signal intéressant du risque qui pèse sur notre civilisation. Si nos politiques ne changent pas rapidement de voie, c’est la révolution qui nous guette.

Avant qu’il ne soit trop tard, il nous faut au moins engager un vrai dialogue contradictoire.

Arrêtons de dire que seule la croissance crée de l’emploi. Ouvrons des espaces de discussions dans les médias, dans les sphères politiques, dans les villes et les villages pour confronter des idées différentes. Au travers de ces confrontations, nous apprendrons les uns des autres et trouverons la voie possible pour nous redonner du souffle, des marges de manoeuvres, au lieu de nous voiler la face avec des croyances dépassées.

Partageons maintenant des solutions nouvelles qui sont mises en œuvre ici et là. Libérons-nous de la doctrine des banksters pour réinventer la place de la monnaie dans nos sociétés, redonnons du sens aux mots : que le mot valeur redevienne la force de vie, que le mot bénéfice redevienne un acte bénéfique.

Si nous redonnons du sens aux mots et à notre vie en société, l’économie y trouvera sa place et comme Roosevelt avait réussi à remettre de la régulation dans l’économie américaine dans les années 30, comme les islandais ont réussi à sortir de l’emprise de leurs banques en 2008, nous pourrons nous aussi imaginer ensemble un avenir à la France pour tous et non pour quelques-uns.