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« Conférence Rio+20 : de l’économie verte à la transition de nos sociétés »

09.07.2012


Le module "Rio+20 : de  l'économie verte à la transition de nos sociétés »  qui s'est déroulé en trois temps invitait les participants à comprendre les changements amenés par l'adoption à Rio d'un nouveau paradigme, celui de l'économie verte. Le premier temps de l'atelier, jeudi dernier, nous a permis de saisir les grandes lignes de l 'économie verte et les portes que celle-ci ouvre vers la marchandisation du vivant. Les deux temps suivants, tous deux animés par France Libertés, ont été consacrés à la réflexion sur deux exemples précis : la marchandisation de l'eau, passée peu à peu de bien commun à bien économique au sein des instances de gouvernances mondiales, et la marchandisation de la nature et des connaissances traditionnnelles par le système des brevets (biopiraterie, privatisation des semences, etc.).

Coordonné par France Libertés, le deuxième temps intitulé « Les solutions de la Société Civile et les nouveaux enjeux de l’eau dans le monde: une approche post Rio +20 » a permi d’échanger sur les nouveaux paradigmes issus du dernier Sommet de la Terre. Grâce aux témoignages en première personne et la participation de la Coalition Eau France et du Forum Alternatif Mondial de l’Eau, les assistants à la formation ont pu approfondir leurs connaissances sur les mécanismes de participation dédiés à la société civile et les enjeux traités lors de Rio+20.

A partir de leur expérience de terrain, chaque intervenant, dont France Libertés, a pu faire un retour sur les actions développées à Rio+20 pour porter la cause de l’eau en tant que droit humain fondamental et bien commun du vivant. Le constat général va dans le sens des difficultés à faire entendre les solutions issues de la société civile au sein de l’univers institutionnel onusien. Ceci n’est pas une mince affaire, malgré la mise en avant du principe de participation avancé par les Nations Unies.

Les intervenants ont mis l’accent sur l’intention de mettre en place un modèle de gestion de l’eau à partir de sa dimension économique.

Il existe aussi un évident manque de volonté pour réaffirmer la résolution de l’Assemblée Générale de Nations Unies de juillet 2010 sur le droit à l’eau et à l’assainissement. Contrairement aux attentes pour un changement radical du statut mondial de l’eau, nous assistons à l’abandon de la notion de droit et à la promotion de l’eau en tant bien économique. Les participants ont insisté sur le fait que la position des Nations Unies est de suivre le Programme de Nations Unies pour l’Environnement et de mettre en place les principes de l’économie verte.

Les participants ont réagi passionnément autour du rôle et de la responsabilité des multinationales dans le maintient de la qualité de l’eau dans le monde. Il a été mis en avant le fait que pour les industries, l’eau est une denrée centrale qui doit être gérée comme un bien économique mettant en avant la notion de rentabilité et en évacuant la notion de droit humain.

Des pistes ont été lancées pour agir, notamment le plaidoyer autour de la charte des porteurs d’eau et les actions que chaque association peut mener pour faire de l’eau un enjeux central de la politique mondiale de la gestion environnementale. Tout reste à faire et il ne faut pas baisser les bras, sauf pour se donner de l’élan afin d'aller encore plus loin.

Vendredi dernier, le module Rio+20 s'est achevé sur la présentation d'exemples concrets d'appropriation et de marchandisation du vivant. Cette mise sur le marché des ressources est largement facilitée par un outil puissant au service des firmes multinationales : le brevet. Titre de propriété, à l'origine conçu pour protéger les inventions industrielles, le brevet est de plus en plus utilisé pour rendre privées les ressources libres de la nature ou les ressources collectives des communautés. C'est par le brevet que Monsanto peut exiger à des paysans des royalties lorsqu'ils utilisent les semences de leurs récoltes passées. C'est également par le brevet qu'une entreprise pharmaceutique peut déclarer siennes les connaissances d'un shaman ou d'un guerisseur.

Les trois organisations présentes – le Collectif pour une alternative à la biopiraterie (représenté par France Libertés), Combat Monsanto et le Réseau Semences Paysannes – ont invité tous les participants à réfléchir aux modes de résistances face à cette nouvelle colonisation de la nature et des connaissances des communautés locales. A partir de cas pratiques réels, les participants réunis en groupes de travail ont proposé des modes d'actions. Un « inventaire des résistances » a ensuite été dressé à partir des conclusions de ces travaux de groupes.