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Communiqué « Pour la défense du vivant, contre la répression »

08.03.2024

La Fondation Danielle Mitterrand suit depuis plusieurs mois la mobilisation des riverain·es et associations contre le projet de l’autoroute A69 Castres-Toulouse. Nous observons, par le biais d’une de nos administratrices présente sur place, le durcissement de la situation.

La Fondation s’associe à la vive inquiétude exprimée par la Ligue des Droits de l’Homme dans son communiqué du 1er mars dernier, qui s’appuie sur des constats précis quant aux méthodes de répression en cours et rappelle que dans d’autres contextes, ces mêmes méthodes ont conduit à des drames.

Nous rappelons aussi que le rapporteur spécial des Nations Unies sur les défenseurs de l’environnement au titre de la Convention d’Aarhus, a recommandé aux pouvoirs publics de donner toutes les instructions pour que soit mis fin aux mises en danger des défenseurs·euses de l’environnement sur ce site – dans sa déclaration de fin de mission dans le Tarn les 22 et 23 février. La plainte des collectifs auprès du rapporteur de l’ONU est toujours en cours.

Plus globalement, la Fondation exprime son émotion et son inquiétude face à la criminalisation actuelle des défenseurs·euses du vivant, de l’eau et de la terre, et face à la déshumanisation des militant·es écologistes. Loin d’être une situation isolée qui serait le fait de quelques « écoterroristes » acharné·es, la situation à Saix et sur le chantier de l’A69 résonne avec toutes les autres mobilisations – locales comme nationales – qui pointent le caractère écocidaire de projets en cours. Face à l’ampleur des désastres environnementaux, face à des politiques qui maintiennent le cap d’un modèle injuste et invivable au mépris des règlementations, les mobilisations populaires expriment le sursaut de conscience dont nous avons besoin ; elles sont des révoltes ancrées, informées, vitales et rappellent le fondement même du pouvoir citoyen.

Nous affirmons que la répression et le harcèlement en cours à Saix sont révélateurs d’une double crise, environnementale comme démocratique. Nous alertons et demandons que soit respectée l’autorisation environnementale de mars 2023, qui interdit jusqu’au 1er septembre le défrichement des arbres sur la zone déjà saccagée mais protégée par les « écureuil.les » et que la justice environnementale puisse s’exercer indépendamment des décisions politiques des préfets. Nous appelons à « déplacer le regard », comme l’exprimait en mars dernier Valérie Masson Delmotte, co-présidente du GIEC* et comme le dit Michel Forst dans son dernier rapport sur la situation des défenseurs de l’environnement en Europe (février 2024) :

« La seule réponse légitime au militantisme environnemental et à la désobéissance civile pacifiques à ce stade est que les autorités, les médias et le public réalisent à quel point il est essentiel que nous écoutions tous ce que les défenseurs de l’environnement ont à dire. »

Plus d’informations sur la répression


* « Quelle est la menace la plus grave ? Est-ce la poursuite de tendances non soutenables, l’aggravation des impacts du changement climatique, qui touchent de plein fouet les plus fragiles, la dégradation des écosystèmes, la perte de biodiversité, et leurs conséquences pour le bien-être et les droits humains des générations actuelles et futures? Ou bien est-ce cette contestation qui dérange? », prise de parole lors de l’événement en soutien aux Soulèvements de la Terre