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Communiqué de presse : Coupures d’eau illégales : une prise d’otage inadmissible des locataires

16.01.2015


Le juge des référés a ordonné la réouverture immédiate du branchement en eau sous astreinte de 100€ par jour de retard, et interdit de procéder à une nouvelle coupure pour une durée d’un an. Il a condamné la régie publique et le propriétaire à verser 1.500€ de dommages et intérêts (1.000€ et 500€ respectivement) et 1.400€ de remboursement de frais de justice (700€ chacun).

Ce jugement éclaire une situation absolument inadmissible qui concerne pourtant de nombreux locataires en France et met en lumière les pratiques intolérables des distributeurs d’eau en France.

Les précédents jugements rendus à ce jour (Soissons / Bourges / Valenciennes) concernaient des impayés de factures qui liaient directement un usager et son distributeur et ont confirmé l’illégalité des coupures d’eau dans toutes ces situations à deux acteurs. Mais ce n’est pas le seul cas de figure. Nous sommes régulièrement alertés par des locataires (ou des copropriétaires) en habitat collectif qui, comme Mme B., payent leurs loyers et leurs charges aux échéances convenues et subissent une coupure d’eau du fait d’un litige entre leur propriétaire ou leur syndic et le distributeur. Nous n’avions pas encore réussi à porter ce type de cas devant le tribunal, car un locataire (ou copropriétaire) a toujours préféré régulariser la situation à ses frais pour retrouver l’eau. L’urgence l’emporte alors sur le temps nécessaire pour mener une action en justice.

Cette pratique, non seulement illégale, est aussi scandaleuse puisqu’elle prend en otage des usagers qui sont en règle et à qui l’on doit l’accès à l’eau. Cette situation s’apparente à du racket lorsqu’un distributeur exige du locataire de payer à la place du syndic ou du propriétaire défaillant, d’autant que les sommes en jeu sont plus importantes et que le distributeur peut donc saisir la justice pour obtenir le règlement de l’impayé d’un syndic. 

L’interdiction de couper l’eau dans un immeuble d’habitation doit être strictement appliquée quel que soit le litige entre le propriétaire ou le syndic et le distributeur. Nous demandons à ce que cette interdiction soit clairement stipulée dans l’ensemble des règlements de service d’eau sur le territoire français.

Nous comptons sur la réaction immédiate des distributeurs d’eau afin qu’ils cessent ces pratiques violentes, malhonnêtes et illégales. La loi du plus fort ne peut plus être la règle. Il nous faut construire un espace de réconciliation qui permette de penser le service public comme l’espace non violent nécessaire à la construction de notre société.

                                                                                      

ANNEXE : témoignages de coupures d’eau en habitats collectifs que nous avons reçus

– Gagny (93) : un immeuble dont l’eau a été coupée trois fois pour cause d’impayés de la part de certains propriétaires.
– Montfermeil (93) : menace de coupure d’eau dans tout l’immeuble pour impayés de deux factures.
– La Courneuve (93) : le syndic n’a pas réglé la facture d’eau et les 19 foyers de la copropriété ont subi deux coupures d’eau.
– Saint Denis (93) : un immeuble resté sans eau pendant près d’une semaine à cause d’un impayé de la part du syndic pour quelques propriétaires négligents qui ne payaient pas leur part de charges.
– Montreuil (93) : un immeuble menacé de coupure d’eau suite à une facture bien trop élevée que les locataires et propriétaires tentaient de clarifier avant de payer, sans succès : silence de Veolia. La facture a finalement été réglée sans plus d’information sur sa justification.
– Saint Ouen (93) : Suite à un retard de règlement de la part du syndic, cette copropriété s’est trouvée privée d’eau pendant plusieurs jours.
– Pont à Moussons (54) : un propriétaire endetté ne règle plus ses factures à la SAUR, tandis que les locataires continuent de payer leurs charges. La SAUR exige des locataires le règlement de la facture pour leur remettre l’eau.

Trouvez ci-dessous l’ordonnance du jugement :

Ordonnance jugement 6.01.2015