BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale… Désinvestissez du secteur charbon !
19.05.2015
Engagée depuis plusieurs mois dans la campagne de désinvestissement, France Libertés a signé l’appel des Amis de la Terre publié dans le Monde daté du 12 mai 2015 qui appelle à la fin des soutiens des banques au secteur du charbon.
Le but de cet appel est simple: stopper les financements privés au secteur du charbon est un moyen de mettre un terme à la production et à la combustion du charbon.
La poursuite de l’extraction et de la combustion de charbon est une menace majeure pour le climat. 44% des émissions mondiales induites par la combustion des énergies fossiles viennent du charbon et d’après un article récent publié dans Nature, 88% des réserves de charbon doivent rester dans le sol pour maintenir la température du globe en-dessous de 2°C. Pourtant, la production de charbon a augmenté de 69% depuis 2000 et la capacité installée des centrales électriques a augmenté de 35% depuis 2005, date de la signature du protocole de Kyoto. Nous allons au désastre si nous continuons sur cette voie.
Les banques commerciales sont un maillon clé des grands projets de charbon, qu’il s’agisse de mines, de centrales ou même d’infrastructures liées à la production et distribution de charbon. Elles soutiennent ces projets en les finançant directement (financement de projet) ou indirectement (principalement financement d’entreprise, émissions d’actions et d’obligations, gestion d’actifs, services de conseil).
Les banques françaises – BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, BPCE / Natixis et Crédit mutuel ont soutenu le secteur du charbon à hauteur de plus de 30 milliards d’euros entre 2005 et avril 2014 et font de la France le 4ème plus gros financeur du charbon pour cette période. Et malgré leurs engagements à lutter contre les changements climatiques, les soutiens des banques françaises au secteur du charbon ont augmenté de 218 % entre 2005 et 2013.
D’ici la COP21, les banques vont pourtant mettre en avant ce qu’elles font pour le climat : financements des énergies renouvelables, green bonds, etc. Intéressants et indispensables – bien qu’ils soulèvent des enjeux de définition de standards environnementaux et sociaux – ces outils seront insuffisants tant qu'ils ne remettent pas en cause le rôle des banques dans les énergies fossiles ni ne visent à accompagner un transfert des financements des énergies fossiles vers l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables.
En mars 2015, BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale – qui représentent 94% des soutiens des banques françaises au secteur du charbon entre 2005 et avril 2014 – se sont engagées à ne pas aider le développement de l’ensemble des projets de mines de charbon situées dans le bassin de Galilée en raison de l’ampleur de leurs impacts. Ces projets constituent la deuxième plus grande zone de développement du charbon au monde, après la Chine, et émettraient 705 millions de tonnes de CO2 par an, soit presqu’autant que l’Allemagne – 6ème pays émetteur au monde. Leurs engagements marquent un premier pas vers la fin de leurs soutiens au charbon et il faut désormais les forcer à s’engager avant la COP21, avant que la fenêtre d’opportunité ne se referme, à aller plus loin en annonçant qu’elles s’engagent à mettre un terme à leurs soutiens au secteur du charbon en commençant dès 2015 par l’arrêt de tout financement de projet dès lors qu’il y a utilisation du charbon.
Les Amis de la Terre ont également créé un site internet intitulé « Je change de banque » destiné à encourager les citoyens à interpeller leurs banques sur leurs investissements dans les énergies fossiles.