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Argentine : la promotion de la fracturation hydraulique se fait au détriment du droit des peuples autochtones et de la sécurité de la ressource hydrique

28.08.2013


pour exploiter les gaz et pétroles de schiste contenus dans le sous-sol de la province de Neuquén, située au nord de la Patagonie argentine.

L’accord signé prévoit une concession de 35 ans, sur un des gisements d’hydrocarbures non conventionnels les plus vastes de la planète, Vaca Muerta.

Le peuple autochtone Mapuche, habitant natif de ce territoire partagé entre le Chili et l’Argentine, s’oppose fermement à cet accord qui n’a été l’objet d’aucune consultation alors que la convention n° 169 de l’Organisation Internationale du Travail relative aux peuples indigènes garantie le droit à une consultation préalable.

L’YPF, récemment nationalisée suite à l’expropriation de la compagnie espagnole Repsol, prétend ne pas exploiter les terres des Mapuche, mais un territoire fiscal appartenant à la province de Neuquén.

La présidente argentine estime que cet accord permettra au pays de satisfaire ses besoins énergétiques et de devenir exportateur d’hydrocarbures. Mais cette politique d’investissement ne se concentre que sur les bénéfices pour les entreprises pétrolifères et ses investisseurs, et non sur les préoccupations sociales et écologiques des communautés concernées.

La technique de la fracturation hydraulique, prévue pour l’extraction des hydrocarbures non conventionnels, représente de lourdes conséquences sur l’environnement et menace la qualité des réserves et cours d’eau environnant. Les directeurs d’YPF estiment qu’on utilise environ 1 million de litres d’eau par puits, alors que les opérateurs interrogés affirment en utiliser 9 à 12 millions ! La région déjà exploitée pour ses réserves d’hydrocarbures traditionnels, présente des problèmes de potabilité de l’eau, ce qui ne peut qu’empirer avec l’arrivée de la fracturation hydraulique.

Les représentants Mapuche ont occupé, en signe d’opposition, des forages de pétrole déjà en activité dans la région. Ils annoncent ne pas vouloir laisser entrer le groupe américain Chevron sur leurs terres, qu’ils considèrent comme la « pire entreprise qui soit », ajoutant que  « Cela ne doit pas être seulement la lutte des Mapuche, mais celle de tout le peuple argentin ».

Adolfo Perez Esquivel (Prix Nobel de la paix en 1980) rappelle que Chevron a été condamné en Equateur en 2012, après près de vingt ans de bataille juridique, à payer une amende record de 19 milliards de dollars pour avoir contaminé un million d’hectares de forêt, affectant la santé de quelque 30 000 personnes. Chevron se refuse toujours à payer cette amende. En février, à la demande de l’Equateur, la justice argentine avait gelé les avoirs de Chevron en Argentine. Mais il y a quelques mois, sous la pression du gouvernement, la Cour suprême de justice a mis fin à ce gel.

La transparence et la démocratie sont également remises en cause par cet accord, conclu en toute discrétion par l’Etat argentin, imposant ses choix aux populations locales.

Rappelons qu’au Chili aussi, les Mapuche luttent pour un plus grand respect de leur peuple et leur territoire, et ont manifesté récemment pour dénoncer l’assassinat de l’un des leurs.