Après le Brexit, l’urgence est de construire l’Europe des peuples
24.06.2016
Danielle Mitterrand n’avait de cesse de rappeler la trahison de l’Union Européenne telle qu’elle se construit depuis 20 ans. Imaginé pour la paix sur notre continent, le projet européen a trop vite été privatisé par les élites économico financières qui ont oublié la place des peuples dans cette Europe.
Tribune publiée sur le Huffington Post,
écrite par Emmanuel Poilâne,
directeur de France Libertés
Qu'est devenue l'Europe des peuples?
Les Britanniques ont pris cette nuit une décision qui va bouleverser pour longtemps notre fonctionnement Européen. Derrière leur sortie de l'Europe se cache à la fois un monstre et une opportunité.
Le monstre serait que chaque pays se retranche sur lui et que les souverainismes ramènent l'Europe au Moyen-Âge. Je veux croire que nos politiques seront capables de saisir l'opportunité et de comprendre que le chemin d'une nouvelle Europe des peuples est la seule option pour montrer au monde que nous n'avons pas construit cette ambition de paix juste pour augmenter notre richesse financière mais bien pour proposer un modèle de société plus humaniste.
Derrière ce vote, c'est la première décision réellement politique que l'Europe vit depuis des années. Enfin un peuple a pu dire qu'il voulait décider sans être prisonnier de réalités économiques et financières qui ne servent réellement que les quelques élites qui composent le 1% de ceux qui détiennent la richesse dans le monde.
La décision est forte, peut-être trop forte. Mais l'Europe n'a jamais su entendre les appels des peuples jusqu'à ce jour
Quand près de 2 millions de citoyens européens ont signé l'Initiative Citoyenne Européenne pour le droit à l'eau pour tous, la commission européenne s'est félicitée de l'élan de démocratie en Europe puis a balayé nos demandes d'un revers de main. C'est ça l'Europe aujourd'hui. C'est une Europe aux mains des lobbies des multinationales et des banques.
Pour sauver l'Europe, il nous faut donner des signes extrêmement forts de séparation franche entre le monde politique et le monde économique. Comme nous avons su séparer le clergé de l'Etat, nous devons construire un mur infranchissable entre les décisions politiques en faveur des peuples et le monde financiarisé, rapace et égoïste, qui ne pense qu'à son profit à court terme.
Une première décision symbolique serait de démissionner le Président de la commission européenne dont tout le monde sait qu'il est le serviteur fidèle des paradis fiscaux et qu'il représente justement le pire de l'Europe
Nous voulons de l'Europe. Nous voulons de l'Europe des peuples, de l'Europe de la paix. A partir d'aujourd'hui nous voulons construire une Europe résolument sociale, une Europe résolument accueillante, une Europe qui prospère pour chacune et chacun d'entre nous et non pour quelques banques.
Mesdames et Messieurs les dirigeants européens, l'avenir est dans vos mains, montrez-nous qu'il est possible de réconcilier l'Europe avec ses peuples en arrêtant de parler économie et en parlant résolument de politique.