Go to the main content

Après deux ans de lutte contre le projet minier « Conga » au Pérou, où en est la mobilisation?

31.10.2013


Depuis plus de deux ans, France Libertés soutient la lutte pour le droit à l’eau des populations autochtones vivant dans la zone concernée par ce projet minier. Leur représentant est intervenu lors du side-event « Le droit à l’eau des peuples autochtones menacé par les industries extractives et les grands barrages » que France Libertés a organisé lors de la 24ème session du Conseil des Droits de l’Homme à Genève en septembre dernier. Nous avons également présenté une déclaration écrite au Conseil des Droits de l’Homme, intitulée « Le droit à l’eau au Pérou: un droit en manque d’effectivité face à l’industrie minière ».

Le projet de l'entreprise Yanacocha menace les ressources en eau, bien commun, et le droit à la terre des populations locales. Il prévoit la destruction de cinq lacs, de sept cents sources d’eau et 260 hectares de bofédales, des prairies humides qui jouent un rôle crucial pour retenir les infiltrations d'eau de pluie.

Au-delà de la destruction de l'écosystème de Cajamarca, la population remet en question les bénéfices sociaux promis par le gouvernement, car les emplois créés par l’exploitation minière ne le sont qu’à court terme et les bénéfices ne permettront pas de réparer les dégâts causés par l'exploitation. C’est le mode de vie des habitants qui est menacé.
 
Les populations de la région de Cajamarca s’opposent activement à ce projet, affrontant à la fois l’une des multinationales minières les plus puissantes au monde, et un gouvernement qui s’est rallié aux intérêts de la multinationale. Malgré la suspension officielle du projet en novembre 2012, une nouvelle offensive est actuellement menée pour faire accepter coûte que coûte ce projet dévastateur.

Après deux grèves générales interrompues par des déclarations d'état d'urgence, une marche nationale de l'eau de 10 jours avait été lancée le 10 février 2012. Depuis, les abords des lacs menacés sont en permanence occupés par les « gardiens des lacs ». Actuellement, la lutte se poursuit avec détermination avec des « rondes paysannes », devenues la colonne vertébrale du mouvement de résistance.

La forte répression a entraîné la mort de cinq opposants en juillet 2012 ainsi que des dizaines de blessés, la criminalisation de la protestation (110 opposants sont poursuivis judiciairement), la militarisation de la zone et la privatisation de la police. Malgré toutes les tentatives de corruption et de division du mouvement de la part de la mine et du gouvernement, la population résiste de manière organisée et consciente des enjeux, et reste décidée à lutter avec courage et détermination pour la défense de son eau, de ses territoires et de son avenir.

Le 23 novembre prochain sera le deuxième anniversaire de la lutte contre le projet Conga. Face à la montée de la violence ces derniers mois – le campement des « gardiens des lacs » a été attaqué à plusieurs reprises, de nuit, par des hommes armés – France Libertés continue à soutenir la mobilisation. Nous avons ainsi reçu en octobre Edy Benavides et Marco Arana, deux leaders de la lutte.

Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant des avancées de la mobilisation.