Un nouveau cycle de conférences invite des anthropologues à rendre compte de la façon dont les peuples autochtones de diverses aires géographiques font face aux conséquences de l’activité humaine sur la Terre et son atmosphère.
Deuxième conférence
« Cette deuxième séance du cycle de conférences « Les peuples autochtones et l’anthropocène » accueille l’anthropologue Benoit Hazard. Ses recherches portent sur le devenir des paysages pastoraux de la vallée centrale du Rift (Kenya) dans l’anthropocène et sur les conflits écologico-distributifs qui en résultent. Actuellement, il coordonne un projet sur les formes de socialisation liée à l’énergie, à partir de l’apport des solutions low-tech dans l’approvisionnement énergétique des populations vulnérables (CNRS-Joint Research Programme in Africa 2023).
Dans le sud global, l’entrée dans l’histoire d’un système Terre devenu ingouvernable s’accompagne de solutions technologiques promues par les géosciences. Utilisée pour produire l’électricité dans le rift africain, la géothermie concilie à la fois impératif de croissance, énergies « renouvelables » et « énergie indigène ». Cette technologie, porteuse d’une promesse de croissance verte, crée pourtant une « anthropo-scène », en ce sens qu’elle suscite de nouveaux conflits écologiques-distributifs autour desquels se redéfinissent les identités relationnelles à la terre (« autochtonie »), des paysages contestés.
A partir d’une histoire des « paysages géothermiques » de la vallée du rift kenyan et de leur irruption au cœur des sociétés pastorales (maasai), cette conférence propose de situer les « peuples de la terre mère » dans l’anthropocène au sein d’un processus paradoxal de destruction et de création de nouvelles ressources. L’anthropologie sociale et historique d’un conflit opposant les Maasai d’Olkaria (Kenya) aux méga-systèmes géothermiques interroge l’universalité de la notion de « ressource » et ses rapports avec un « naturalisme » consubstantiel au projet impérial de connaissance de la nature. Elle invite à mettre en œuvre une écologie des énergies de demain qui considère sérieusement le décentrement anthropologique comme une voie non négociable de la soutenabilité. »
Infos pratiques
Le mardi 6 février, de 18h30 à 19h30 suivi d’un échange avec le public au Petit auditorium de la Bibliothèque nationale de France – François-Mitterrand, Quai François-Mauriac, Paris 13e. Entrée Est, face à la rue Émile Durkheim.
Cycle de six conférences du 23 janvier au 11 juin 2024. L’accès aux conférences est libre et gratuit.