A l’écoute des peuples originaires d’Amérique latine
04.06.2012
Crédit photo: Marie Laloum
Le projet Amérila est un recueil de témoignages des peuples indigènes au Chili, en Argentine, au Paraguay et au Brésil qui vise à faire entendre leur voix en Europe.
Mené par Marie Laloum, ce projet est né d’une intention de se placer à l’écoute des peuples originaires d’Amérique latine : à l’écoute de leur culture, leur identité, leur mode de vie, leur lutte territoriale ou encore de leurs envies pour l’avenir.
Sous la forme de documentaires sonores qui ont pour but de sensibiliser aux enjeux liés aux droits des populations autochtones, ces portfolios sonores sont issus de plusieurs mois d’immersion dans les zones reculées où vivent en minorité des peuples originaires, rencontrés en partie grâce à des organisations locales.
Cette démarche vise à construire des échanges entre les jeunes issus de différentes communautés indigènes et de croiser les regards sur leur réalité de vie. Les témoignages seront transmis dans chacune des communautés afin de partager sur des sujets communs, mais aussi des points de divergence.
En partenariat avec France Libertés, ICRA International et France Culture pour le volet de sensibilisation en Europe, les documentaires seront diffusés pour permettre au public européen de connaître les revendications de ces peuples sur leurs droits et leur environnement.
Les peuples originaires (autochtones) représentent plus de 34 millions de personnes en Amérique latine. Ils subissent bien souvent de nombreuses privations et répressions liées à l’accès à leur territoire ancestral et aux ressources naturelles, et la reconnaissance de leurs droits socio-culturels et environnementaux sont bien souvent bafoués.
Le projet Amérila s’est intéressé, dans un premier temps, aux peuples Mapuche, Tobas et Guaranis. Les Mapuches vivent au sud du Chili et de l’Argentine, les Tobas se situent au nord de l’Argentine et du Paraguay, et les Guaranis s’étendent du Paraguay au Brésil. Ces populations originaires sont confrontées au développement de mégaprojets sur leurs territoires, telles que l’exploitation de l’eucalyptus qui assèche les terres, ou encore la monoculture du soja qui appauvrit les sols. Des milliers de familles indigènes sont ainsi amenées à migrer vers d’autres régions ou vers les zones urbaines, où les conditions de vie sont généralement très difficiles. Plusieurs leaders indigènes sont à l’heure actuelle menacés ou arrêtés sous de fausses accusations de terrorisme et leur combat s’en trouve criminalisé.
Tendre le micro à des jeunes, des femmes et des chefs de communautés indigènes ; réaliser des portfolios sonores à partir de leur parole recueillie ; et initier les jeunes à des outils de communication sont des moyens de faire entendre leur voix autrement.
Les expériences recensées dans ces documentaires audio illustrent la multitude des expériences vécues par Marie Laloum. De l’immersion totale au sein de la communauté Mapuche Ruca Choroy à la tension ressentie à Temuco qui s’exprime par cette citation Mapuche: « Notre volonté obstinée à survivre comme peuple, nous enferme dans un rejet, également obstiné, de la société. Pour le gouvernement et les entreprises, notre présence n’est pas souhaitée. Selon eux, nous sommes un obstacle à la modernité et au développement. »
La prochaine étape du projet sera le grand rassemblement au Sommet des peuples de Rio+20 fin juin, en parallèle au Sommet de la Terre Rio+20 : les peuples indigènes s’y retrouveront pour défendre leurs points de vue, plaider pour une vraie justice environnementale et répéter que la promotion des droits humains et des droits des peuples autochtones reste essentielle dans les discussions internationales autour de ces enjeux.
Le projet Amérila nous rappelle d’ailleurs l’importance de la sauvegarde des cultures ancestrales de ces peuples, de leur rôle protecteur de la nature, et de l’importance de défendre leurs droits en tant que peuple originaire.