Une ONG propose des solutions pour le climat face à l’industrie pétrolière en Équateur
23.12.2015
La Fondation France Libertés finance des projets de terrain qui agissent sur l’eau et de l’extractivisme. Plusieurs de ces partenaires sont venus à Paris à l’occasion de la COP21, afin de porter la voix des populations affectées et proposer leurs solutions. Parmi eux se trouvent Alexandra Almeida, qui travaille sur la question du pétrole au sein de l’ONG Acción Ecológica en Équateur.
La Fondation France Libertés a participé au financement d’un projet de défense de l’eau face aux activités pétrolières dans la zone de Pacayacu, Sucumbios, dans la région amazonienne de l’Equateur. Ce projet, achevé en octobre 2015, a permis d’organiser les populations locales dans leurs résistances face aux entreprises pétrolières très polluantes notamment de leur eau. Une assemblée générale se réunit régulièrement, permettant aux populations de se former, d’échanger, de s’organiser et de réaliser une veille sur les endroits pollués de leur région. Cette voix unie leur permet de peser plus fort au niveau des autorités locales et nationales, et dans leurs échanges avec l’entreprise PetroAmazonas.
Acción Ecológica est venu à Paris en tant que membre de OilWatch pour porter deux grandes propositions.
- Arrêter de parler de façon abstraite d’émissions de gaz à effet de serre pour parler de pétrole, de gaz et de charbon, de quantités brûlées dans l’atmosphère et de quantités à laisser absolument dans le sous-sol (2/3 des réserves connues selon les rapports du GIEC pour s’en tenir à un scénario de +2°C).
- Demander la création de l’Annexe 0. Au moment de l’adoption de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) en 1992, deux grands groupes d’Etats ont été définis : l’Annexe I concernant tous les pays industrialisés membres de l’OCDE en 1992, historiquement pollueurs, ainsi que les pays en transition économique, ayant pour obligation d’adopter des politiques pour lutter contre le changement climatique ; et les pays de l’Annexe II, membres de l’OCDE, devant encourager financièrement la lutte contre le changement climatique dans les autres Etats.
La proposition de l’Annexe 0 part du constat que c’est précisément dans les pays du Sud que se trouvent une grande partie des populations qui luttent contre le changement climatique, comme un certain nombre de communautés autochtones qui s’engagent à laisser les hydrocarbures dans le sol. Les membres de l’Annexe 0 sont donc ceux qui apportent les solutions. Il s’agit de passer d’un modèle centralisé, gourmand en énergies fossiles, à des modèles d’énergies propres, renouvelables, décentralisées, diversifiées et souveraines. Les initiatives qui seraient reconnues comme appartenant à l’Annexe 0 devraient être protégées et soutenues par la communauté internationale.
Cette proposition a été portée aux négociateurs de la COP21, mais aussi au Tribunal des Droits de la Nature qui s’est tenu à Paris les 4 et 5 décembre.
Acción Ecológica y a présenté le cas Yasuni ITT, un parc national en Equateur où la biodiversité très riche est menacée par l’extraction pétrolière. Considérant cette biodiversité comme un bien commun, les habitants refusent cette exploitation qui constituerait pour eux un crime d’écocide. En clamant que les réserves de pétrole et de gaz doivent rester dans le sol au nom de la protection de la Terre Mère, les communautés de Yasuni ITT constituent un exemple de ces initiatives que l’on pourrait regrouper au sein de l’Annexe 0.
Cette proposition s’inscrit dans un travail au long court et continuera à être portée dans les années à venir.