Une avocate chilienne accueillie en France comme dans une dictature!
24.11.2014
La mort de Rémi Fraisse est encore une blessure ouverte faite aux Francais et les manifestations de ce week-end l’on rappelé. Notre gouvernement veut nous faire croire qu’il s’agissait d’un accident, rien de grave du point de vue de notre ministre de l’Intérieur.
Mais cet accident ne serait-il pas simplement le reflet des pratiques normales de notre police?
C'est parfois dans les évènements cachés que l'on peut lire les évolutions de notre histoire. La détention arbitraire des avocats de la Defensoria Popular (Chili) à l'aéroport Charles de Gaulle (France) est en l'exemple éclairant.
J'ai reçu ce matin à la fondation ces avocats que nous aidons dans leur action notamment auprès du Conseil des Droits de l'Homme et leur histoire m'a semblé simplement hallucinante et digne d'une dictature.
Le 22 novembre à 11 heures, l'avocate en Droit Humain de la Defensoría Popular, María Ribera, a été détenue à l'aéroport Charles de Gaule de Paris par des fonctionnaires de la police française qui n'ayant trouvé aucun motif pour lui interdire l'entrée dans le pays, durent justifier sa rétention pour des motifs politiques. Cette avocate effectue actuellement une tournée en Europe, accompagné de l'avocat Rodrigo Román, pour dénoncer devant la communauté internationale la criminalisation par l'État Chilien de la protestation sociale.
A sa descente d'avion, un fonctionnaire de police a retenu son passeport et des policiers l'ont conduite dans une salle d'interrogatoire et ensuite dans une cellule, où elle est restée enfermée plusieurs heures.
« Ils ont commencé à m'interroger sur les motifs de mon voyage, sur mes moyens financiers et les assurances dont je dispose. Je leur ai montré que tout était en ordre et que j'avais accomplis toutes les formalités exigées pour l'entrée en Europe. Ils ont alors prétendu qu'ils ne comprenaient pas l'Espagnol. J'ai répondu que je suis avocate et j'ai exigé que soit respecté le droit international qui permet le recours à un traducteur et la présence du consul mais ils n'en ont eu cure et se sont mis à rire tout en m'enfermant dans une cellule sans me donner la moindre explication »
L'avocate explique qu'à l'arrivée d'un traducteur centroaméricain, la Police française lui a montré sur écran toute son histoire politique y compris des informations concernant sa détention par la police militaire à l'époque de la dictature de Pinochet.
« La situation devenant tendue, un policier a tenté de m'obliger à signer un document dans lequel je reconnaissais ne pas avoir été l'objet de discrimination. Bien entendu, j'ai refusé. »
María Magdalena Rivera Iribarren est une militante et une avocate qui défend les militants sociaux, elle n'est ni une criminelle ni même une délinquante fichée et pourtant, dès son entrée dans l'espace Schengen, un fonctionnaire a choisi de la faire interpeller. Ce qui peut nous amener à penser que la police chilienne et la police française partagent des informations concernant des militants sociaux. La police disposait en effet d'informations anciennes et sans aucun rapport avec la France.
Au regard de cet événement, peut-on penser que la police française partage avec la police chilienne des informations sur les militants associatifs français ?
En tant que militant et m'inscrivant dans une vision engagée et citoyenne de notre société, puis je penser que je suis moi aussi fiché ? Allons-nous bientôt nous retrouver dans un aéroport ou dans la rue arrêtés et devrons-nous nous justifier de nos activités militantes ? Sont-elles en train de devenir hors la loi en France ?
Alors que la mort de Rémi Fraisse est dans tous les esprits, il est essentiel de relayer l'interpellation de Maria car la France ne peut plus être reconnue comme la terre des droits de l'Homme si sa police est capable d'agissements aussi violents et portants atteinte aussi directement aux libertés fondamentales.
Nous demandons à Monsieur Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, de faire toute la lumière sur cette situation et nous ne resterons pas sans agir si aucune réponse ne nous parvenait.
Les droits fondamentaux sont attaqués chaque jour un peu plus dans notre pays et notre gouvernement doit nous donner maintenant des signes clairs d'évolutions positives pour que nous puissions continuer à dire que notre pays est aujourd'hui encore le pays des droits de l'Homme !