
Rencontres « Les Résistantes » 2025
04.09.2025
Deux ans après la première édition sur le plateau du Larzac, les « Résistantes » se sont déroulées sous le soleil de Normandie. Du 7 au 10 août, près de 5 000 personnes se sont réunies à cette occasion dans le bocage de l’Orne, pour échanger autour des luttes, se former mutuellement et se retrouver dans la joie !
Une deuxième édition pour penser et construire une convergence des luttes
Après une première édition centrée sur les enjeux écologiques, ces nouvelles rencontres ont proposé de croiser les luttes écologistes, sociales, antiracistes et décoloniales, féministes et LGBT+. L’objectif est clair : participer à tisser une force collective capable de résister aux pratiques et idées réactionnaires et aux systèmes d’oppression qui rongent nos sociétés.
Pendant quatre jours, débats, spectacles, ateliers et projections ont rythmé le festival. De la résistance contre l’extractivisme ou les pesticides à la défense des droits des migrant·es et des paysan·nes, en passant par l’opposition à la militarisation croissante ou le patriarcat, les nombreuses tables rondes ont permis de dresser un état des lieux des luttes en cours en France et à l’international. Des militant·es du monde entier étaient ainsi présent·es pour partager leurs expériences et tisser des alliances, soulignant l’importance de la solidarité internationale face aux forces de destruction. Cette volonté d’allier les différentes formes de résistance a également donné lieu à des moments de formation pratiques et théoriques tandis qu’une attention particulière a été accordée au soin, à la joie de se retrouver dans un espace convivial et à l’auto-gestion de la vie quotidienne.
En parallèle de cette énergie enthousiasmante, un enjeu majeur a émergé : celui de la place de l’antiracisme au cœur de nos mouvements. Plusieurs voix ont ainsi souligné la nécessité de décentrer nos regards pour s’imprégner des réalités vécues et des luttes menées par les mouvements issus de l’immigration post-coloniale. Au-delà de la question de visibilité ou de présence symbolique de figures, elles soulignents que c’est autour de relations de confiance basées sur la(re)connaissance mutuelle de nos luttes et de leurs mémoires et d’intérêts portés aux dynamiques menées par les personnes racisées que la convergence des luttes pourrait se construire pas à pas.
Espace ouvert aux partages de ces émotions fortes, les Résistantes ont été un moment, parmi de nombreux autres, qui rappellent encore la nécessité d’une transformation radicale de nos pratiques politiques militantes.
Lire aussi l’entretien avec Renda Belmallen « Le mouvement écologiste doit être réellement antiraciste »







La Fondation auprès du réseau Hydre pour mettre en lumière les luttes pour l’eau
Lors de cette édition, la Fondation était présente en tant que membre du réseau Hydre. Né au Larzac il y a deux ans, l’Hydre est un réseau reliant des collectifs engagés dans la défense de l’eau afin de mettre en commun des savoirs et partager des narrations collectives de bassins versants pour faire des liens entre les luttes existantes et en faire émerger de nouvelles.
La mise en lumière de défenseur·ses de l’eau
Tout au long du festival, le réseau Hydre a réalisé des portraits, rassemblant des voix unies par un même combat : défendre l’eau pour l’avenir de la Terre et celui de la vie.
- Maricarmen du collectif Amarme a présenté la lutte victorieuse pour défendre la Mar Menor, en Espagne. Cette lagune, située dans la région de Murcie était menacée de disparition. Grâce à une mobilisation citoyenne et l’action coordonnée de juristes environnementaux elle a obtenu la reconnaissance de ses droits ! Dotée d’une personnalité juridique, la Mar Menor est désormais protégée tandis que ses gardien·nes continuent à veiller.
- Lucas de l’organisation colombienne Human Conet, a raconté la lutte des communautés contre Veolia, géante multinationale de l’eau, qui a fait la main mise sur la distribution de l’eau dans le pays, accentuant la privatisation de cette source de vie ! Il rappelle ainsi que l’eau n’est pas un bien à marchandiser, mais un droit humain à protéger, ici comme ailleurs.
- Harry du collectif Floodeed People UK, a présenté leur initiative de plateforme de solidarité qui relie les personnes touchées par les inondations au Royaume-Uni. Face à la défaillance des autorités, la plateforme permet aux habitant·es de se soutenir mutuellement, en échangeant des savoirs et des ressources pour faire face aux catastrophes climatiques tout en organisant une solidarité collective en acte.
- Carola de Greenpeace Espagne a partagé la situation de l’eau en Catalogne, menacée de toutes part par une agriculture intensive, l’implantation d’industries et de méga-projets et l’accentuation du sur-tourisme dans la région. Les luttes écologistes qui ont vu le jour cherchent à présent à se renforcer en créant des alliances avec les mouvements paysans, eux aussi menacée par ces activités destructrices.
- Julia du collectif de soutien au mouvement zapatiste.
Ces initiatives montrent qu’au-delà des frontières, nous sommes tous et toutes l’eau qui se défend !
L’Assemblée des luttes pour l’eau
Lors d’un petit matin brumeux s’est tenue la seconde assemblée des luttes pour l’eau. 150 personnes se sont ainsi réunies pour assister à ce moment de diagnostic partagé qui a permis de dresser un état des lieux de la situation des luttes pour l’eau dans le monde. Les échanges ont ensuite donné lieu à des ateliers thématiques participatifs pour renforcer nos pratiques collectives :
- Avec Greenpeace, un atelier a abordé les enjeux de démocratisation de la gestion de l’eau, un sujet crucial à l’horizon des prochaines élections municipales.
- Avec Anne-Morwenn Pastier, docteure en Sciences de la Terre, un atelier a abordé la création de Plans Territoriaux de Gestion de l’Eau (PTGE) alternatifs comme proposition concrète d’alternatives à opposer aux plans conventionnels proposés par les institutions et les collectivités, qui perpétuent souvent des logiques destructrices.
- Avec Human Conet, un autre atelier a exploré les liens entre défense de l’eau et anti-impérialisme, en soulignant que les luttes locales s’inscrivent dans un combat global contre l’injustice sociale et l’importance des alliances internationalistes.
- Avec le collectif Stop Mega-Canal, un atelier portait sur …..
- Le collectif Nous sommes Orne a mené un atelier sur le rôle des pratiques culturelles pour récréer un lien sensible à notre territoire de vie et les eaux qui le composent et le traversent.
- Enfin l’Hydre et la Fondation Danielle Mitterrand ont mené des discussions autour de la construction du site de l’Aquathèque comme outil de mutualisation d’informations, de savoirs concrets, de contacts et de dates communes pour les mouvements de l’eau.
Ces ateliers ont permis de renforcer les dynamiques d’alliances et de poursuivre la co-construction d’outils et de réflexions communes entre les luttes pour l’eau.







La déambulation d’Hydra
Suite à ces échanges passionnants, Hydra marionnette géante symbole des luttes pour l’eau a déambulé à travers le festival ! Dans un défilé coloré et musical, Hydra a partagé des messages forts. L’eau est un commun du vivant et nous devons nous unir pour la défendre. Son pas puissant résonnait comme un appel à l’engagement. Incarnation d’une résistance inébranlable elle s’annonce prête à affronter les pires accapareurs de l’eau… Et pour débuter sa lutte, elle sera présente lors du procès historique contre Nestlé les 24 et 28 novembre prochains à Nancy.
Chaque pas d’Hydra est une promesse, celle d’un avenir où l’eau sera défendue, où la solidarité sera la force du changement !


