
Prix Danielle Mitterrand 2025
28.10.2025
Cette année, la Fondation est très heureuse de remettre le Prix Danielle Mitterrand aux artisan·nes des résistances démocratiques du Kurdistan du Nord (Bakur) lors d’une soirée exceptionnelle « Municipales 2026 : pour contrer l’autoritarisme s’inspirer des communes kurdes».
Dans cette région, les habitant·es défendent depuis des décennies la démocratie locale et dessinent d’autres avenirs possibles ancrés dans la solidarité, l’écologie et l’émancipation. Autant de réalités des quelles apprendre et s’inspirer à l’heure de préparer nos territoires et nos mouvements à lutter contre les assauts d’une extrême-droite toujours plus puissante et d’autoritarismes chaque fois plus présent dans nos quotidiens.
Une source d’inspiration et d’espoir face aux autoritarismes
Les expériences au Kurdistan du Nord montrent que d’autres mondes existent. Alors que les fascismes gagnent du terrain, la démocratie peut se reconstruire d’en bas, par l’organisation collective. Il est possible de construire des espaces de résistance et d’autonomie même au cœur de régimes répressifs. Il est possible de créer des espaces de solidarité et de dignité, même lorsque les conditions matérielles se compliquent. Ces initiatives sont un exemple de construction patiente mais robuste de contre-pouvoirs capables de résister aux assauts autoritaires. Elles sont aussi la preuve que l’émancipation n’est pas donnée, qu’elle se cultive dans de multiples pratiques du quotidien.
À quelques mois des élections municipales en France, il est plus que jamais essentiel de nous rappeler qu’une démocratie vivante ne se limite pas aux urnes, qu’elle ne naît pas seulement d’un scrutin, mais plutôt d’engagements concrets pour remettre en question l’ordre établi et proposer des alternatives. Dans un contexte où les libertés sont menacées par la montée inquiétante des extrêmes droites et leurs alliances avec le néolibéralisme, les résistances démocratiques et sociales des habitant·es du Kurdistan de Turquie offrent des perspectives d’avenir.
Une démocratie vivante et des initiatives qui favorisent l’émancipation et l’autonomie
Depuis les années 2000, de nombreuses élections ont été remporté par le mouvement social et politique kurde dans la région Est-Anatolie. Loin d’être une fin en soi, l’accession au pouvoir local, est vu comme un outil parmi d’autres pour construire l’autonomie démocratique. Les municipalités sont ainsi devenues des laboratoires d’une autre manière de vivre et de gouverner — participative, écologique, égalitaire.
Des assemblées fleurissent où les habitant·es prennent des décisions ensemble. La parité instaurée à la tête de chaque institution favorise l’émancipation des femmes et l’égalité. À Amed (Diyarbakır), à Mardin, à Van, des coopératives émergent comme alternative au système économique capitaliste. Les habitant·es organisent les luttes contre les grands barrages qui assèchent les terres et engloutissent les villages. Ils et elles défendent les jardins partagés menacés par la bétonisation. Les centres culturels redonnent voix à la langue kurde et aux mémoires effacées. La création de fermes pour transmettre les savoirs et de bibliothèques de semences paysannes dessinent les contours d’une écologie sociale. Les formations sur la jineoloji (« la science des femmes ») permettent de penser un vivre-ensemble hors du patriarcat. De ces initiatives foisonnantes, de ces pratiques d’organisation collective émerge un pouvoir populaire qui dépasse largement la participation aux élections.
Ces expériences ont été et continuent d’être brutalement attaquées par l’État turc : vagues de destitutions des co-maires élu·es, peine d’emprisonnements, licenciements et fermetures arbitraires des structures associatives, des médias et des centres culturels. Malgré les couvre-feux et les bombardements au plus fort de la répression en 2016, les habitant·es continuent d’inventer au quotidien l’idée même d’un territoire démocratique. L’engagement au sein des associations, le temps investi dans des activités solidaires viennent compenser le manque de moyens et la destruction méticuleuse des institutions. Ces élans inspirent l’espoir. Par l’auto-organisation et la mise en œuvre de pratiques municipalistes, égalitaires et d’alternatives écologiques, ces habitant·es incarnent aujourd’hui une démocratie vivante résolument émancipatrice, profondément attachée à la dignité humaine et au vivre-ensemble.
Une délégation présente en France pour recevoir ce prix symbolique
Nous aurons l’honneur et le plaisir d’accueillir lors de ce prix des représentant·es de ce puissant mouvement social :
- Les co-maires et ancien·nes élu·es de la municipalité de Diyarbakir pour leur engagement en faveur de la démocratie
- Une membre du Mouvement des femmes libres – TJA(Tevgera Jinên Azad), engagé pour l’autonomie et l’émancipation des femmes ;
- et un membre du Mouvement Mésopotamien pour l’eau, qui défend l’eau, les terres et la réappropriation des semences paysannes.
Pour venir les rencontrer et découvrir leurs témoignage nous vous attendons nombreux·ses lors d’une soirée de solidarité exceptionnelle !
Soirée de remise du Prix
Mercredi 10 décembre 2025 à partir de 18h30
Académie du Climat (Paris 4e)