Pourquoi la recherche publique est-elle parfois accusée de « biopiraterie » ?
20.02.2017
Inf’OGM propose une interview croisée de Thomas Burelli, membre du comité scientifique de France Libertés sur la biopiraterie, et de Catherine Aubertin, chercheuse à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
Ce débat porte sur les enjeux liés à la biopiraterie, à la privatisation du vivant et des savoirs traditionnels sur la biodiversité, notamment par le biais de brevets.
Les populations autochtones et locales de Guyane ne sont pas associées au brevet déposé par l’IRD sur Quassia amara ni au partage des avantages. Au regard du droit et de l’éthique, qu’en pensez-vous ?
Thomas Burelli – Cette affaire est un cas typique de biopiraterie : les membres des populations autochtones et locales de Guyane qui ont activement participé à la recherche n’ont été ni consultés ni associés au brevet déposé par l’IRD. De plus, aucun partage des avantages n’a été organisé à ce jour avec ces communautés qui ont communiqué leurs savoirs et identifié des ressources génétiques d’intérêts. Cela va à l’encontre des droits issus de nombreuses sources juridiques tant au niveau national qu’international reconnaissant aux communautés des droits sur leurs savoirs et sur les ressources de la biodiversité.
Cette situation, au-delà d’être condamnable du point de vue du droit, l’est aussi du point de vue de l’éthique. Il existe de nombreuses normes éthiques en France et ailleurs dans le monde, qui visent à la mise en œuvre de relations plus équilibrées entre les chercheurs et les autochtones et basées sur un respect mutuel.